Les derniers cavaliers qui ont défilé dans des mariages dans la région d'El Milia n'ont plus monté leur cheval depuis la fin des années 1970. Elle fut l'honneur et la fierté des Algériens à El Milia, le symbole de leur identité culturelle. Durant l'époque coloniale, la fantasia fut une tradition qui avait un très fort ancrage dans les mœurs locales. Perpétuée après l'indépendance du pays, elle a, cependant, perdu de cet ancrage depuis de longues années. Dans les fêtes de mariage ou à l'occasion de tout autre événement d'importance dans la vie des gens à El Milia, les cavaliers se rassemblent pour se divertir sous les youyous des femmes. Vêtus de leur burnous, coiffés de leur turban (chèche), ils donnaient à ces fêtes une saveur d'honneur et de joie. «Ils étaient l'honneur des tribus, leur baroud et les youyous donnaient plus de valeur à ces hommes», se rappelle ammi Madjid, un septuagénaire, dont la mémoire est encore vivace pour relater avec détails les prouesses de ces cavaliers. L'homme se remémore des faits marquants de ces cavaliers doués de l'art de monter à cheval (el khil dans le langage local). «Les cavaliers de la région d'El Milia furent toujours aux avant-gardes des concours équestres organisés à Lemridj, à Constantine, cela remonte déjà à bien avant les années 1930», relate-t-il en se basant sur les témoignages de ses aînés, parmi les gens qu'il avait côtoyés dans sa jeunesse. Face à de telles prouesses, l'armée coloniale française n'est pas restée indifférente. «Beaucoup de ces cavaliers furent enrôlés dans le corps des spahis, ces soldats de cavalerie indigène créée par l'armée coloniale», affirme-t-il. Cette tradition est inexistante de nos jours. Les derniers cavaliers qui ont défilé dans des fêtes de mariage dans la région d'El Milia n'ont plus monté leur cheval depuis la fin des années 1970 et le début des années 1980. «Ces cavaliers sont aujourd'hui décédés, la tradition est perdue, si elle est encore présente dans certaines régions du pays, elle n'a plus d'ancrage chez nous, sa disparition a signé la mort d'un riche patrimoine local», déplore notre septuagénaire.