Tradition De nombreuses familles de la région parviennent encore à concilier, à travers les mariages, modernité et préservation du patrimoine ancestral. Ils sont encore nombreux à se conformer, lors de mariages, aux rituels traditionnels aussi bien dans la noce que dans le costume. Loin des smokings et robes blanches qui ont conquis une bonne partie de la population algérienne, l?on se marie encore, dans le Sud en général, et à Ouargla en particulier, avec l?habit traditionnel altier. La tenue du jeune marié, non sans rappeler les vaillants cavaliers des conquêtes arabo-musulmanes, est confectionnée dans des étoffes classiques aux couleurs sobres, tels le «seroual» plissé, le burnous, le «kerass» (appellation locale du gilet brodé) et le «gounar», un chèche soigneusement enroulé autour d?un couvre-chef plutôt rigide. Pour boucler la boucle, l?on selle les chevaux, sélectionnés parmi les plus beaux, qui serviront, lors de la ziara du mausolée du saint patron de la ville, de monture au jeune marié et à ses garçons d?honneur, tous vêtus de manière traditionnelle, depuis le chèche jusqu'aux bottes de cavalier de couleur cuivre savamment brodées dans la dorure. Le «houli», connu ailleurs sous l?appellation de «melehfa», la robe traditionnelle constituée d?une large étoffe de laine, ainsi que le «cherbouch» (large foulard de la mariée), la «belgha» (chaussure légère de cuir couleur cuivre), et les bijoux traditionnels (khellal, khelkhal et autres mechebka), qu?ils soient en or ou en argent, sont de mise pour celle avec qui il a décidé ou accepté de partager le reste de sa vie. Pour leur part, les proches de la mariée revêtent, en guise de «melehfa», le «khergi», large étoffe de tissu, la «meherma» (foulard), et les bijoux traditionnels. Tradition jalousement gardée, le mariage ne laisse personne indifférent, non pas dans l?habit en lui-même et qui ne sert d?ailleurs aujourd?hui que de tenue d?apparat que l?on se prête souvent entre familles pour la circonstance, mais dans ce qu?il véhicule comme legs d?un patrimoine ancestral que les générations à venir sont en droit de connaître et d?apprécier la beauté et le savoir-faire des nombreux artisans qui ont, modestement, su, au fil des ans, le préserver et le perpétuer. Seulement, ces jeunes ne sont nullement en marge de la modernité et des bienfaits qu?elle leur offre, car certains sont, en temps ordinaire, dits «branchés». Cette modernité, ils ne tarderont pas à la retrouver une fois les cérémonials traditionnels terminés, l?espace d?une quinzaine de jours que durent les rituels du mariage, et en diverses occasions religieuses (Ramadan, Aïd, Mawlid?) de la première année de mariage ainsi que lors de leur première naissance, pour reprendre ensuite le cours habituel de la vie.