Les préparatifs s'accélèrent pour la tenue à Alger, dans les deux semaines à venir, d'un round de négociations entre les belligérants de la crise libyenne. Américains, Anglais et ONU s'y intéressent de près et viennent s'enquérir des détails. Le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a rencontré jeudi dernier l'ambassadrice américaine en Libye, Deborah Jones, et l'envoyé spécial du chef du gouvernement britannique en Libye, Jonathan Powell. Suite à cette rencontre, Jones a dit partager «l'approche algérienne pour la résolution de la crise libyenne». Cette rencontre est survenue au lendemain de celle ayant opposé les responsables algériens à l'envoyé spécial des Nations-Unies pour la Libye, Bernardino M. Leoni, qui a considéré que l'initiative algérienne est «la meilleure pour une solution en Libye». Ce ballet diplomatique entre dans le cadre des préparatifs du round d'Alger des négociations interlibyennes. En effet, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Ben Ali Cherif, a confirmé que «l'Algérie va abriter pendant la deuxième moitié du mois d'octobre un round de négociations entre toutes les franges du conflit en Libye». M. Ben Ali Cherif a souligné que «les invitations sont en préparation» en rappelant que «l'Algérie poursuit ses contacts avec toutes les parties depuis plusieurs semaines». «Ce sont les parties libyennes qui avaient proposé à l'Algérie de parrainer ces négociations», a indiqué le responsable algérien, en précisant que «le dialogue est inclusif et n'exclut personne, sauf ceux qui s'excluent d'eux-mêmes en refusant d'y croire pour trouver une issue à la crise». M. Ben Ali Cherif a conclu en disant que «tout report du lancement de ce round sera dû à des causes techniques». C'est l'expression diplomatique usuelle pour indiquer d'éventuels malentendus concernant généralement la composition des délégations ou l'ordre du jour, ce qui est fort probable en pareilles circonstances.Il est à rappeler que l'approche algérienne en Libye s'oppose à toute intervention militaire dans ce pays et prône la présence de tous les intervenants autour de la table des négociations, y compris des représentants de la diaspora libyenne, qui a été obligée à quitter le pays après la chute d'El Gueddafi. Or, les positions des belligérants à l'intérieur de la Libye restent confuses concernant le dialogue national qui a commencé à Ghadamès, sans parler du dialogue inclusif proposé par l'Algérie. Entre tension et espoir Sitôt la trêve de l'Aïd El Id'ha finie, la tension a repris de plus belle dans les environs de Tripoli et à Benghazi. Au sud-ouest de Tripoli, sur l'axe des monts Nefoussa et des villes d'Ezzaouia, Gharyane et Ouerchfana, des combats se sont poursuivis entre les troupes des tribus et celles de Fajr Libya, pour le contrôle des axes routiers menant vers la côte d'un côté et la frontière tunisienne de l'autre. Les troupes de Zentane, qui se proclament de l'armée nationale, sont restées loin des hostilités, à une cinquantaine de kilomètres de Tripoli. A l'intérieur de la capitale libyenne, c'est désormais un calme prudent qui s'accompagne toutefois par la montée des rapts dans le milieu des intellectuels et des activistes de la société civile. Ainsi, le journaliste Moadh Thlib a été kidnappé avant-hier par un groupe de militaires au centre de Tripoli. Thlib est un présentateur de programmes de la chaîne Al Assima, proche de l'Alliance des forces nationales de Mahmoud Jibril. Pour sa part, l'écrivain amazigh Salah Nakkab a été kidnappé, lui aussi, quelques heures plus tôt. Nakkab est connu pour ses critiques de toutes les approches idéologiques. Cette tension n'a pas empêché l'envoyé spécial des Nations unies, Bernardino Leoni, de se montrer optimiste, à la veille de la conférence de presse qu'il prévoit de tenir à Tripoli avec l'ambassadeur italien en Libye, Giuseppe Buccino. M. Leoni annonce déjà la poursuite des négociations de Ghadamès entre les membres de la Chambre des députés et lance des signaux positifs concernant le dialogue d'Alger. «Il n'y a pas d'alternative au dialogue interlibyen pour sortir de la crise», insiste le diplomate onusien.