Cette première réunion fut "positive", selon l'ONU, car elle a permis aux protagonistes de la crise libyenne de sortir de leur enfermement pour amorcer un dialogue. C'est finalement à Ghadamès, près de la frontière algérienne, que des députés libyens, tous élus à la Chambre des représentants fin juin, se sont réunis lundi 29 septembre à l'initiative de la mission des Nations unies en Libye. Cette nouvelle tentative de dialogue entre les différentes parties du conflit libyen, symbolique pour le moment, est considérée comme pouvant enclencher le processus de normalisation prôné par l'Algérie et dont le ministre des AE a expliqué les tenants et aboutissants au sein de l'ONU où se tient l'Assemblée générale de ses membres. Pour la diplomatie algérienne, il s'agit en priorité de chasser le spectre de l'intervention militaire étrangère pour ne pas recommencer la tragédie et les conséquences désastreuses pour la Libye, ses voisins et le monde arabe, induites par la guerre menée par l'Otan derrière la France en 2011. Fidèle à sa politique de non-ingérence dans les affaires d'autrui, fussent-elles contraignantes sur ses propres affaires, Alger recommande avant tout de mettre en accord les Libyens entre eux, de les assister dans cette perspective. Ses conseils, son plan de sortie de crise pour ainsi dire ont fait chorus au sein de l'Assemblée générale qui a chargé l'ONU de driver le processus de réconciliation interlibyen. Le but de la réunion de Ghadamès entre députés d'un même Parlement dominé par les anti-islamistes est de relancer le dialogue, tandis que l'Algérie, la Tunisie et l'Egypte ainsi que d'autres pays, qui sont plus ou moins intéressés par le conflit, s'activent pour amener à la table des négociations les autres députés, dont ceux qui soutiennent les milices qui contrôlent Tripoli, et qui avaient annoncé leur boycott des travaux de réconciliation. Cette première réunion fut "positive", selon l'ONU. Elle a permis aux protagonistes de la crise libyenne de sortir de leur enfermement pour amorcer un dialogue. Les députés présents à Ghadamès se sont, en effet, mis d'accord sur la poursuite des négociations après les célébrations de l'Aïd et ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. Ils ont aussi évoqué la nécessité d'ouvrir les aéroports et de laisser passer l'aide humanitaire. La réalisation concrète de ces mesures sur le terrain permettra de juger du succès de cette réunion, et l'Algérie comme les autres voisins de la Libye œuvrent sans relâche pour ramener le plus grand nombre autour de la table et surtout obliger les milices qui s'affrontent sur le terrain à faire taire les armes et rallier la voie du dialogue. Pour cela, la condition première reste la passation des pouvoirs entre l'ancien Parlement, le CGN (Congrès général national), dont le mandat a expiré, mais qui est soutenu par des milices armées qui contrôlent Tripoli, et la Chambre des représentants, élue en juin 2014 où les activistes ont laissé leurs plumes. La nouvelle Chambre des représentants est le seul Parlement reconnu par la communauté internationale. Les efforts aujourd'hui des partisans du dialogue sont portés sur le général Khalifa Haftar, un ancien de Mouammar Kadhafi qui avait rejoint le "printemps de Benghazi" et qui avait par la suite plus ou moins combattu les milices islamistes. Les députés qui lui sont proches étaient absents à Ghadamès au motif qu'ils souhaitaient que la réunion se tienne à Tobrouk, fief du général. Une exigence inacceptable pour ses opposants. Le chef de la mission de l'ONU, Bernardino Leon, qui est parvenu, à l'issue de discussions marathoniennes, à tenir la réunion de Ghadamès, ne désespère pas de convaincre les parties, dont les chaises étaient vides lundi, de participer au prochain round. Ces parties savent aujourd'hui ce qu'encourt la Libye s'il n'est pas mis fin à sa plongée dans le chaos.