Les élus de l'APW de Béjaïa sont unanimes à trouver pour le moins trouble le traitement réservé par le ministère des Travaux publics à l'aéroport Soummam-Abane Ramdane. L'infrastructure aéroportuaire est menacée de fermeture immédiate après les conclusions d'une commission technique dépêchée sur les lieux par le département de Amar Ghoul il y a trois jours et qui, faisant le constat de dégradations sur le tarmac, préconise la suspension de tous les mouvements d'aéronefs dans les plus brefs délais. Des conclusions qui remettent en cause le jugement fourni en mars dernier par une commission ayant associé le ministère des Transports et qui avait conclu que les travaux de réfection de la piste pouvaient attendre encore et que la fermeture pouvait être ajournée pour octobre prochain afin d'éviter le ratage de la saison estivale. Quelles sont donc ces nouvelles anomalies relevées sur la piste et qui motivent l'option radicale de la mission des travaux publics. « Rien à notre connaissance », ont répondu hier les chefs des groupes politiques à l'APW (FFS, RCD, FLN, MEN, indépendants). « Nous avons pris attache avec les dirigeants et les techniciens de l‘aéroport et tous se disent surpris par les nouveaux développements. Les pilotes qui sont les premiers à mentionner les réserves quand il y a lieu d'en relever n'ont fait état d'aucune réserve. C'est ce que nous a affirmé le directeur de la sécurité aérienne à l'aéroport », souligne le P/APW. La composante de l'APW, qui en est à l'occasion à son premier épisode d'unanimité sur un sujet, oriente ainsi globalement la question vers le terrain « politique ». Une série d'éléments est citée à charge : le fait que la commission se soit déplacée en « catimini » et que l'information de son passage ne soit parvenue aux élus que « fortuitement », le désaveu signifié aux déclarations du ministre des Transports et donnant pour octobre la fermeture de l'aéroport... « Nous demandons une commission d'enquête. Nous sommes persuadés que nous avons affaire à une gestion partisane du département des travaux publics avec des complicités locales. Nous n‘acceptons pas que la région fasse les frais de la cacophonie gouvernementale », dénonce M. Azamoum, chef du groupe RCD, qui par ailleurs demande le départ de la directrice des travaux publics, responsable selon lui des « retards énormes en matière de réalisation des projets au niveau de la wilaya ». La revendication est également celle du groupe flN, dont le représentant, M. Zaïdi, remet en cause la compétence de la composante de la commission et apprend que les instances nationales du FLN et le chef du gouvernement ont été saisis pour tirer au clair la question. Enfin, M. Houacine, intervenant en tant que chef du groupe des indépendants, s'interroge si les derniers développements ne visent pas à perturber la perspective de la célébration du 50e anniversaire du congrès de la Soummam, le 20 août prochain. C'est dire que l'affaire, en dehors de la confrontation d'experts qui n'a pas eu lieu jusqu'à présent, alimente les pires suspicions, dont celle de déclasser la destination Béjaïa au profit d'une autre voisine. « Il y a comme une volonté de maintenir notre wilaya dans un rang de seconde zone, sinon comment expliquer que des projets restent à l'arrêt et d'autres compromis alors que partout dans le pays tout est fait pour accélérer la cadence de réalisation ? », s'interroge le P/APW. A l'unanimité de ses membres, l'APW a suspendu sa session prévue hier en guise de protestation et a décidé de faire appel à des spécialistes pour un autre regard sur l'état de la piste. Dimanche prochain, une commission du ministère des Transports, département dont dépend en dernier ressort la décision, devrait se déplacer à I'aéroport pour statuer sur la fermeture immédiate ou non de l'aérodrome.