Après avoir inspecté le CAA (centre arabe d'archéologie) à Tipasa le dimanche dernier, Abdullah Hamed Muhareb le D.G de l'ALECSO (organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences) s'est montré affable, en se montrant disponible pour un furtif moment, afin de répondre à certaines questions posées par nos soins. Si on ne construit pas notre avenir nous-mêmes, les autres nations le feront à notre place en fonction de leurs propres intérêts vous avez déclaré. Dans ce cas, quelles seront les mesures que compte prendre votre institution pour permettre aux pays arabes de se prendre en charge ? Nous avons besoin des statistiques fiables et réelles relatives aux secteurs de l'enseignement et de la culture. Nous voulons être destinataires des informations authentiques et sérieuses sur l'état des lieux de chaque pays arabe afin de mieux les analyser dans un premier temps. Nous souhaitons avoir une banque de données au niveau de l'Alecso, une banque qui reflète la véritable situation au sein de chaque pays du monde arabe. Sans informations et statistiques justes et vraies, nous ne seront pas en mesure d'établir un tableau de la situation qui prévaut dans chaque pays et nous ne pouvons pas engager des études, établir un diagnostic ou entamer des actions. Hélas, chaque pays nous transmet des statistiques fausses. Chaque pays veut nous faire croire à travers ses informations, qu'il est le meilleur dan le monde arabe.
Vous avez déclaré que l'Alecso va aider la Tunisie dans l'élaboration d'une encyclopédie et soutiendra ce pays dans la valorisation et la protection de ses patrimoines culturels ? Nous soutenons tous les pays arabes dans la préservation de leurs multiples patrimoines et non pas la Tunisie uniquement, sachant que ce pays abrite le siège de l'Alecso. Nous soutenons tous les patrimoines inhérents aux dialectes, aux us et coutumes, aux traditions, à l'artisanat de chaque pays arabe. Nous sommes soucieux de la préservation de tous les patrimoines culturels matériels et immatériels de chaque pays arabe.
Où en est l'Alecso sur le portail arabe consacré au patrimoine ? En effet, nous avons commencé par la création de ces portails, en essayant de récupérer tous les objets et les textes relatifs aux patrimoines matériels et immatériels. Le patrimoine culturel arabe est abandonné par les peuples et les dirigeants politiques de chaque pays arabe. La prise en charge et l'intérêt que nous devons porter pour ces patrimoines passent inéluctablement par l'implication de l'éducation et de l'enseignement au sein de chaque pays arabe. Le patrimoine culturel devra faire partie du programme de l'enseignement depuis le cycle primaire et devra être enseigné dans tous les espaces éducatifs, afin de pouvoir le transmettre d'une génération à une autre, pour éviter sa disparition. Chaque pays arabe devra s'imprégner de l'importance du patrimoine culturel dans l'identité de ses peuples. Ici en Algérie par exemple, toute la richesse du patrimoine culturel qui existe dans votre pays doit être enseignée aux enfants dès leurs jeunes âges, afin que ces jeunes doivent s'attacher à la préservation de leurs patrimoines. En Egypte par exemple, nombreux sont les jeunes qui n'ont jamais visité les pyramides et ils ignorent le passé de ces monuments. Voyez-vous pourquoi ces jeunes ne s'intéressent pas à leurs patrimoines ? D'ailleurs vous avez du remarquer que nombreux sont les touristes des autres pays de l'Europe et des USA qui viennent visiter les patrimoines et les monuments, mieux encore ils sont curieux pour apprendre l'histoire de chaque pays arabe, alors que les pays arabes ne s'intéressent pas à leurs propres patrimoines culturels. En Europe, aux USA, au Japon, en Inde, en Malaisie l'enseignement de l'Histoire et les patrimoines culturels auront permis aux jeunes de ces nations de rester attachés à la découverte et à la connaissance des patrimoines culturels de leurs pays. C'est dans ce contexte que nous souhaitons que ce portail initié par l'Alecso soit l'une des armes qui œuvre à l'encouragement des jeunes des pays arabes à s'intéresser à leurs patrimoines culturels.
Je veux savoir où en est-on avec les projets de l'Alecso relatifs à l'observatoire culturel du patrimoine culturel matériel et immatériel et celui du portail sur les jeux du patrimoine ? La Tunisie est assez avancé sur l'observatoire culturel sur les jeux tunisiens. Nous avons conclu un accord avec l'Etat du Qatar qui abritera les jeux du patrimoine arabe. C'est une sorte d'olympiade qui sera organisée vers la fin de l'année 2015. C'est une manière d'attirer et de faire intéresser les enfants des pays arabes vers leurs cultures à travers leurs participations dans ces jeux de patrimoines.
L'enseignement dans les pays arabes connaît une certaine immobilité au niveau des méthodes d'enseignement qui nécessité une révision totale de ce système, c'est vous qui l'avez dit ? Le niveau de l'enseignement dans les pays arabes accuse un retard important. Le système de l'enseignement dans les pays arabes est en pleine crise. L'enseignement dans les pays arabes a besoin d'une Révolution, je m'explique, l'enseignement dans nos pays a besoin d'un « Printemps arabe ». Ce qui se passe en Syrie et en Irak n'est que la conséquence d'une politique de 30 années d'enseignement archaïque et médiocre imposées par les régimes en place. Les jeunes des pays arabes qui n'avaient pas bénéficié d'un enseignement de qualité, intègrent aujourd'hui les groupes terroristes pour assassiner des êtres humains. Si pendant toutes ces périodes, les régimes de ces pays avaient fait bénéficier leurs enfants d'un enseignement de bonne qualité, les organisations criminelles n'auront jamais du voire le jour.
Quel est votre commentaire sur le centre arabe d'archéologie que vous venez d'inspecter ? Il est magnifique ce centre. Certes, il se trouve à Tipasa en Algérie, mais il demeure un acquis pour l'ensemble des pays arabes. Après sa mise en service, nous allons franchir un pas en matière de développement culturel, compte tenu de l'importance de ce centre. Nous allons sensibiliser et encourager tous les pays du monde arabe, afin que ce joyau de la culture de la nation arabe bénéficie de l'aide et du soutien des pays arabes. Nous allons coordonner toutes nos actions lors de la prochaine réunion des Ministres arabes de la Culture qui se tiendra à Riadh en Arabie Saoudite au mois de décembre prochain (2014, ndlr). Une décision collective doit être engagée pour prendre en charge imposant infrastructure culturelle dans l'intérêt de la recherche scientifique, de la formation des jeunes d'une part et d'autre part, il faut que le CAA bénéficie des soutiens pour prendre en charge son fonctionnement et son entretien, car il y va de la préservation des patrimoines culturels, matériels et immatériels de toute la nation arabe.