C'est la première fois à Constantine qu'une institution honore des militants algériens d'origine européenne. Deux ans après son décès, le 5 octobre 2012, l'APC du Khroub a décidé de rendre hommage au Pr. Pierre Chaulet, médecin et militant anticolonialiste, en baptisant en son nom la polyclinique Massinissa, nouvellement construite, alors que le Centre de Santé Communautaire, portera le nom du Dr Saddek Jean Masseboeuf, lui aussi fervent militant pour l'indépendance de l'Algérie, décédé en 1985 à Constantine. Un hommage à la hauteur des sacrifices, de l'humanisme et de l'engagement de ces deux figures de la révolution nationale. Deux médecins algériens d'origine française, que l'APC du Khroub a décidé d'honorer la mémoire, à l'occasion du 1er Novembre 2014, et ce, en baptisant en leur nom deux importantes infrastructures sanitaires. Une date hautement symbolique pour deux patriotes qui ont milité pour l'indépendance de l'Algérie en entreprenant notamment des opérations secrètes avec le Front de libération nationale et dont les nobles actions ne doivent pas tomber dans l'oubli. Le choix de la commune du Khroub pour ces deux activistes et défenseurs des droits de l'homme est, par ailleurs, particulier, d'autant qu'il cible, pour la première fois, des algériens d'origine française. Né en 1930 à Alger, Pierre Chaulet a intégré les réseaux clandestins du FLN avec son épouse et acquis la nationalité algérienne, en 1963. Il fait partie des membres fondateurs de l'agence presse service (APS), à Tunis, en 1961. Professeur en médecine et expert de la tuberculose auprès de l'OMS en 1981, Dr Pierre Chaulet a été élu à la première assemblée populaire communale d'Alger, avant d'être nommé vice-président de l'Observatoire national des droits de l'Homme. Il a été inhumé, à sa demande, au cimetière chrétien de Diar Essaâda à El Madania, aux côtés du militant Henri Maillot, mort sous les balles de l'armée française en 1956. Le Pr. Saddek Jean Massebœuf est né, quant à lui, en 1908 à la Rochelle en France et poursuit des études de médecine à la faculté d'Alger dans les années 1930. Il commencera ses activités clandestines (transport d'armes) en 1956. Arrêté, il sera transféré à plusieurs reprises dans différentes maisons d'arrêt dont celle de Blida et la prison des Baumettes à Marseille notamment jusqu'à sa libération en 1962. En 1963, il obtient la nationalité algérienne et prend la tête du département de la santé à Constantine. Décédé le 24 avril 1985 dans cette même ville, il est enterré au cimetière musulman sachant qu'il avait également embrassé la religion musulmane d'où son prénom Saddek. Dans ses «témoignages autobiographiques», rédigés en 1979, le Pr. Masseboeuf explique s'être engagé pas à pas dans la Révolution algérienne «parce qu'elle constituait à mes yeux un chaînon de la lutte anti-impérialiste mondiale et s'inscrivait dans la continuité de l'éternelle lutte des hommes et des peuples à la conquête de leur dignité et de leur liberté». Il prête son nom désormais au Centre de Santé Communautaire du Khroub, unique infrastructure du genre en Algérie, inaugurée en 2001, et dont l'objectif est la promotion de la santé, l'éducation sanitaire et la prévention active.