Le professeur Pierre Chaulet, militant anti-colonialiste et principal artisan de l'éradication de la tuberculose en Algérie, est décédé vendredi à Alger à l'âge de 82 ans des suites d'un cancer qu'il soignait depuis des années. Son origine française n'aura pas été un obstacle dans son acquisition de la nationalité algérienne en 1963, conformément aux principes du FLN contenus dans l'appel du 1er Novembre 1954. Né le 27 mars 1930 à Alger, il a effectué des opérations secrètes avec les combattants du Front de libération nationale (FLN) sous les ordres du révolutionnaire Abane Ramdane. C'est grâce à ce dernier qu'il a rencontré le professeur Franz Fanon à l'hôpital de Blida en 1955. Il l'avait sollicité afin qu'il trouve un psychiatre capable de suivre le cas des moudjahidine qui risquaient de parler sous la torture. Sous les ordres de Robert Lacoste, le Pr Chaulet a été expulsé vers la France durant la guerre de libération mais cela ne l'a pas découragé pour continuer à lutter pour la cause algérienne. En effet, en compagnie de son épouse Claudine, qui avait également épousé la cause algérienne, il a réussi à rejoindre le FLN en Tunisie, où il a continué ses activités de résistant, de médecin et de journaliste à El Moudjahid, organe du FLN. Il est aussi l'un des membres fondateurs de l'agence de presse algérienne APS, à Tunis, en 1961. Après l'indépendance de l'Algérie, Pierre Chaulet a rejoint l'hôpital Mustapha Pacha. Il a contribué à l'éradication de la tuberculose en Algérie et a exercé de nombreuses fonctions dans son pays, qu'il n'a jamais quitté. Il a été professeur de médecine de 1967 à 1994. Chargé de mission pour la santé auprès du chef du gouvernement (1992-1994) et vice-président de l'Observatoire national des droits de l'homme (1992-1996). Il a été également expert de la tuberculose auprès de l'OMS depuis 1981 et consultant en santé publique auprès du Conseil national économique et social (Cnes) depuis 2006. Son épouse, Claudine Chaulet est, quant à elle, devenue professeur de sociologie à l'université d'Alger. Ils ont écrit un livre relatant leurs mémoires, le Choix de l'Algérie : deux voix, une mémoire, sorti en 2012 aux éditions Barzakh. Lors d'un hommage que lui avait rendu l'association Machaal Echahid, l'APC d'Alger-Centre, le quotidien El Moudjahid, et de nombreuses personnalités, ces derniers avaient indiqué que c'est une série de «chocs» relatifs à l'injustice coloniale qui ont conduit Pierre, qui a grandi dans une ambiance de christianisme social, «à entreprendre un certain nombre d'initiatives». Selon Réda Malek, le couple Chaulet est «un symbole de la Révolution algérienne, un témoignage vivant de la grandeur du peuple algérien et de l'écho retentissant dont jouit la Révolution algérienne». Et d'ajouter que «l'injustice révoltante» ainsi que «leur attachement à des principes moraux et éthiques, tels l'amour de la justice, le refus de l'oppression, de l'arrogance et de la marginalisation» sont les facteurs qui ont poussé le couple à agir. Pierre Chaulet empreint d'humilité indiquait, pour sa part, qu'il ne fallait pas oublier les millions d'anonymes. Selon un proche de la famille, le Pr Chaulet a demandé à être enterré à côté de d'Henri Maillot, au cimetière chrétien d'ElMadania à Alger