Le vieux Rabah ajuste ses grosses lunettes pour mieux voir les bagages défiler sur le tapis de la nouvelle aérogare de l'aéroport Houari Boumediène à Alger. Il vient de descendre de l'avion de la compagnie nationale Air Algérie en provenance de la ville française Lyon. Il fait partie des milliers d'émigrés qui reviennent chaque année au pays qui pour se ressourcer, qui pour rendre visite à la famille ou tout simplement pour passer des vacances. Il aperçoit enfin la dernière valise qu'il cherchait et qu'il rangea illico presto sur le chariot déjà plein d'autres bagages. Sans doute beaucoup de cadeaux pour tous les membres de la famille du plus grand au petit dernier. Ancien employé d'une entreprise du bâtiment, il passe, depuis sa sortie en retraite en 2000, après 31 ans de bons et loyaux services, plus de temps en Algérie qu'en France. « Je veux maintenant vivre dans mon pays. Je viens plus souvent qu'avant et j'y reste entre quinze jours et un mois. Mais à partir de cette année, j'irai à Lyon que pour des questions administratives », raconte Rabah tout sourire. Il y a toutefois une période qu'il compte ne rater pour rien au monde, c'est la fête de Noël. La précarité dans laquelle il vivait dans l'Hexagone l'a décidé à rentrer définitivement au pays. « J'habitais dans une chambre d'un mètre quarante de largeur que je louais pour plus de 100 euros », affirme-t-il. Les impératifs Le retour au « bled » pour Rédha est motivé par d'autres impératifs. « Je suis installé en France depuis quatre ans mais je ne rate aucune occasion pour retourner en Algérie. Cette fois-ci, je suis ici pour célébrer mon mariage », indique-t-il sur un air de confidence. Il a prévu de rester trois mois. Karim fait partie de la diaspora algérienne en France depuis seulement 2003. Lui aussi ne peut se passer de faire une virée dans son pays d'origine. « Parfois nous venons plusieurs fois par an, soit pour une occasion précise, telle que les mariages ou les enterrements, soit juste pour rendre visite à la famille, les parents, les amis... », souligne-t-il. Cette année, il est venu avec sa femme, son bébé et une amie française, Caroline, qui tenait à découvrir l'Algérie. Pour cette famille, Alger n'est qu'une escale. Ils rallieront le jour même de leur arrivée la ville d'Azazga, dans la wilaya de Tizi Ouzou, où ils vont rester près d'un mois. El Hadja Djamila vit pour sa part depuis 50 ans à Lyon. Elle apprécie davantage le retour au pays depuis que celui-ci a acquis son indépendance en 1962. Elle espère passer tout l'été en Algérie, plus exactement à Chlef où, nous signale-t-elle, elle va faire la tournée auprès de toute sa grande famille. D'ailleurs, elle était impatiente de retrouver quelques représentants des siens qui attendaient à l'extérieur. La plupart des émigrés apostrophés se sont plaints de la cherté d'un tel voyage surtout pour une famille nombreuse. C'est le cas de Wahiba, une jeune maman qui a dû débourser plus de 2000 euros, dont environ 1300 euros rien que pour les billets d'avion, sans oublier les frais pour le rapatriement de la voiture. Mais venir sentir « rihet lebled » (littéralement l'odeur du pays), comme disent beaucoup de nos compatriotes installés outre-mer, n'a pas de prix. « Je viens chaque année au pays. Je vis depuis onze ans en France. La seule fois où je ne suis pas venue, c'était à cause de ma grossesse », nous raconte Wahiba. « Je veux que mes enfants Imad et Sarah s'imprègnent de la culture de leur papa et de leur maman », a-t-elle ajouté. Elle compte visiter tour à tour les régions de Annaba, de Sétif, d'Oran, de Collo, de Tizi Ouzou et de Béjaïa. Tout un programme. « J'ai payé cher le transfert de la voiture par bateau. Alors autant en profiter au maximum », s'exclame-t-elle. De plus en plus d'Algériens expatriés rentrent au pays durant la saison estivale surtout depuis l'amélioration de la situation sécuritaire. Les touristes étrangers reviennent, eux aussi, même si pour l'instant ils ne sont pas très nombreux. Il en est ainsi de Françoise qui en est à son cinquième voyage en Algérie depuis un an et demi. Elle devait rejoindre un groupe d'amis français se trouvant à Tamanrasset. Elle semblait particulièrement heureuse d'être en Algérie où elle va rester trois semaines. « J'ai beaucoup apprécié mes précédents séjours. L'Algérie semble se tourner vers le tourisme, mais beaucoup reste à faire notamment en matière d'infrastructures hôtelières », relève-t-elle.