En plus des parlementaires et députés qui veulent le départ de Saadani, d'anciens membres du comité central s'organisent pour destituer le secrétaire général du FLN. Le secrétaire général du FLN est de nouveau dans l'œil du cyclone. Absent du pays depuis plusieurs semaines, Amar Saadani gère, depuis Paris où il est établi, une fronde de députés qui veulent sa tête.Alors que la majorité des parlementaires étaient affairés, hier, à débattre des derniers amendements apportés à la loi des finances 2015, une partie des membres apparentés au FLN, théoriquement majoritaires, jouent sur un autre terrain ; ils agissent en coulisse pour faire signer une pétition appelant à la destitution de Amar Saadani de la tête de leur parti. Ces parlementaires, «au nombre de 90», selon un député, veulent le départ de Saadani qui est «en train de casser le FLN»,comme l'a résumé Messaoud Akoubache, député de Sétif. Ce dernier estime que les agissements du secrétaire général mèneront à l'implosion du parti. «Il suffit de voir le dernier découpage effectué par Saadani pour se rendre compte qu'il joue un jeu dangereux», explique-t-il. Notre interlocuteur donne l'exemple de la wilaya de Sétif qui compte désormais quatre mouhafadhas. «Saadani a effectué un découpage ethnique, puisqu'il a créé une mouhafadha pour les Kabyles (Bougaâ), une autre pour les Chaouis (Aïn Oulmane) et une autre pour les Arabes (El Eulma).» Mais il n'y a pas que cela. L'un des farouches adversaires de l'actuel secrétaire général du FLN est Amar Djilali. Ce député de Batna, proche de Tahar Khaoua, le chef du groupe parlementaire, n'a pas apprécié que son nom ne figure pas dans les deux nouvelles mouhafadhas crées dans sa wilaya d'origine. Alors qu'il a été évincé lors du renouvellement des instances du chef-lieu (ancienne mouhafadha), Djilali n'a pas non plus sa place lorsqu'il s'agit de nommer de nouveaux dirigeants. Un geste de trop qui signifie que l'homme ne sera probablement pas présent lors du congrès, l'an prochain. D'où l'enjeu de cette nouvelle fronde. Plusieurs parlementaires avancent en effet que l'actuel secrétaire général veut «se tailler» un congrès sur mesure en barrant la route à un maximum d'opposants. Ils projettent d'organiser un sit-in devant le siège du Parlement pour réclamer le départ de Saadani. Pour d'autres sources, l'enjeu de cette nouvelle guéguerre au FLN est ailleurs : c'est une nouvelle bataille de positionnement qu'est en train de mener le ministre de la Justice, Tayeb Louh. C'est en effet ce dernier qui conduirait la fronde. Le garde des Sceaux, qui a retrouvé une nouvelle complicité avec Abdelaziz Belkhadem lorsque ce dernier bataillait pour se retrouver de nouveau à la tête du FLN, veut en effet tenter sa chance, surtout que Belkhadem n'a quasiment plus aucune chance de revenir au-devant de la scène politique sous le règne de Bouteflika. Parallèlement à cette fronde des parlementaires, des membres du comité central, dont des partisans de l'ancien coordinateur Abderrahmane Belayat, s'organisent également dans l'optique de destituer Amar Saadani.La question qui reste cependant sans réponse est de savoir pour qui roule tout ce monde !