Des experts des deux pays envisagent d'aller vers le croisement de nos patrimoines génétiques céréalier et bovin avec des variétés françaises. La coopération algéro-française dans le domaine agricole semble avancer à grand pas. Deux filières stratégiques, celles des céréales et des viandes rouges, bénéficieront de l'appui technique et du savoir-faire français à travers la création prochaine de deux sociétés mixtes algéro-farnçaises. La nouvelle a été annoncée par le ministre français de l'Agriculture, de l'Agroalimentaire et de la Forêt, Stéphane Le Foll, lors de sa visite en Algérie, mercredi et jeudi derniers. Dotée d'un capital initial de 40 millions de dinars, la première société sera créée selon la règle des 51/49% entre l'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) et le groupe agro-industriel français Axereal pour la production de semences de céréales et de légumineuses fourragères. Selon Mohamed Belabdi, directeur général de l'OAIC, l'objectif recherché à travers la création de cette société est l'amélioration génétique des variétés céréalières locales et l'introduction de variétés françaises issues d'une sélection préalable. Techniquement, des experts des deux pays envisagent même d'aller vers «le croisement de notre patrimoine génétique avec les variétés françaises, notamment en blé dur et légumineuses fourragères», nous a indiqué le même responsable. Du point de vue agronomique, cette méthode a pour but d'améliorer la productivité, de modifier le goût, les qualités nutritionnelles, l'apparence ou encore la résistance aux maladies et aux ravageurs. Concrètement, des experts français ont déjà visité des zones à haut potentiel. «Nous avons commencé par la constitution d'un réseau de multiplicateur de semences», a précisé M. Belabdi. Le choix des variétés française se fera, cependant, dans un contexte algérien et à des conditions strictes. «C'est en fonction des conditions climatiques algériennes qu'on effectuera le choix des variétés françaises. Nous avons des variétés locales qui sont inscrites au Centre national de contrôle et certification pour homologation et les variétés françaises doivent s'adaptent exactement à nos conditions», a encore souligné le directeur général de l'OAIC. Pour cela, des analyses de sol et des études climatiques avec des données sur une dizaine d'années ont été déjà menées «pour identifier les variétés pouvant répondre aux conditions climatiques et naturelles propres à notre pays», nous a-t-on expliqué encore. LA filière viande nationale renforcée Dans la filière de l'industrie des viandes, il est prévu la création d'une deuxième société mixte algéro-française, toujours selon la règle des 51/49%, entre la SGP Proda du côté algérien et l'Association française interprofessionnelle du bétail et des viandes (Interbev) du côté français. Cette dernière est représentée par un consortium de trois entreprises de production dont le groupe SVA Jean Rozé, un des leaders du marché français de la viande, et le groupe Bigard, premier transformateur de viande en France. Selon Kamel Chadi, PDG de la SGP Proda, l'objectif fixé à cette nouvelle société est d'apporter son «appui technique à la structuration de la filière algérienne des viandes rouges, avec gestion et exploitation d'un complexe d'abattoirs». Il est également prévu des programmes de formation et de soutien technique dans le domaine de «l'engraissement, la conduite d'élevage et la production». L'appui à l'industrie des viandes touchera toutes les activités du secteur, à savoir l'élevage, l'abattage, la transformation, la découpe, le conditionnement et la distribution. Le développement et l'amélioration des rendements passeront par le développement de la race bovine algérienne et de nouvelles techniques sont prévues dans le domaine de l'insémination artificielle et du croisement de races. Pour l'heure, «les deux parties s'attèlent à la préparation du business plan stratégique de la société et du pacte des actionnaires», nous dit M. Chadi. Les discussions en cours devront également aboutir à la désignation du complexe d'abattage à exploiter (Annaba ou Aïn M'lila) et à connaître le montant du capital fixé pour cette société, «un capital devant nécessairement refléter l'ampleur des investissements prévus», a conclu M. Chadi. Notons que la création de ces deux sociétés s'inscrit dans le cadre de l'accord de partenariat et de coopération dans le domaine agricole, le développement rural et l'agroalimentaire. Le ministre de l'Agriculture, Abdelouahab Nouri, a affirmé, à Biskra, que «l'agriculture est un secteur prioritaire pour les pouvoirs publics algériens, car stratégique pour la sécurité alimentaire nationale». Et de souligner que son département «œuvre à motiver les entreprises algériennes et françaises à s'engager dans la voie de ce partenariat». Pour sa part, M. Le Foll a indiqué que la France a toujours été pour «un partenariat qui ne soit pas seulement fondé sur des opérations commerciales à court terme, mais sur une dynamique économique pensée pour le moyen et le long termes».