Comme les militants anticolonialistes d'hier, les leaders de l'opposition, réunis dans l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition (ICSO), ont choisi la symbolique date du 1er Novembre pour lancer leur «Appel au peuple algérien». Le document, distribué hier à la presse en présence de tous les leaders des partis et personnalités qui aspirent à une «transition démocratique», se veut un texte destiné à «prendre à témoin» et à «sensibiliser les Algériens sur la gravité de la situation que vit le pays». L'appel – rédigé par les universitaires Nacer Djabi, Ahmed Adhimi, Mohamed-Arezki Ferrad et l'ancien ministre Abdelaziz Rahabi – précise que la situation du pays est «marquée notamment par une vacance du pouvoir au niveau du président de la République et un vide institutionnel avéré qui font courir à l'Algérie de sérieux risques d'instabilité». L'«appel de novembre» rappelle également que la politique du pouvoir «a hypothéqué l'avenir des générations futures (…) et a accentué la dépendance (…) alimentaire de l'Algérie, compromettant ainsi l'autonomie de sa décision économique, politique et diplomatique». Comme alternative à cette «paralysie», l'ICSO «prend à témoin le peuple algérien (…) de la gravité de la situation» et considère que le peuple algérien est «source de tout pouvoir et dépositaire exclusif de la souveraineté nationale» sans lequel «aucune solution n'est possible». Vers des manifestations de rue L'appel, lu avec un brin de solennité par Mohamed-Arezki Ferrad, est une synthèse de tout ce qui a été fait par la CNLTD depuis le début de l'année en cours. Car, estime Abdelaziz Rahabi, «le seul document de référence pour la transition démocratique est la plateforme de Mazafran». Une réponse claire à la proposition du FFS, qui appelle à une «conférence de consensus» national sans en définir les contours. Interrogé sur la suite à donner à cette initiative, les animateurs de la conférence de presse indiquent que «la première étape est d'aller vers le peuple pour lui expliquer la situation du pays». Comment ? «Il faut multiplier les sorties sur le terrain et exploiter les réseaux sociaux», répond Abdelaziz Rahabi. Ce dernier et ses amis n'ignorent rien de l'attitude du pouvoir. «L'opposition n'est pas condamnée à attendre les autorisations», a précisé Nacer Djabi en réponse à une question relative à l'interdiction de manifestations publiques dans certaines villes, notamment la capitale. La preuve a été donnée par le refus des autorités d'autoriser des partis politiques à se réunir lors de la célébration du 60e anniversaire du déclenchement de la guerre d'indépendance. Les animateurs de l'ICSO n'excluent pas le recours à la rue malgré les interdictions du pouvoir. «Il y a bien eu des manifestations sociales. De quel droit les partis politiques ne peuvent-ils pas organiser une manifestation ?» interroge Ahmed Adhimi, qui rappelle une évidence : «Soit les manifestations sont encadrées et organisées par des partis politiques responsables, soit la rue sera livrée aux charlatans.» Les leaders des partis politiques et des personnalités de l'opposition, présents lors de la conférence de presse ont préféré s'effacer. Mais différentes sources partisanes indiquent que des actions communes vont être organisées dans les prochains jours. Il s'agit notamment de meetings et, probablement, d'actions de rue. Mais la question divise apparemment au sein des partis politiques, qui préfèrent agir chacun de leur côté, du moins pour l'instant.