Hiba, quatre ans et demi, et Mohamed deux ans et demi, s'accrochent à l'espoir de revoir aujourd'hui, peut être, leur papa rentrer à la maison après 14 mois d'absence. Ces deux bambins sont les enfants de notre confrère de Radio Tébessa et correspondant du défunt quotidien arabophone Djaridati, Abdelsamiaa Abdelhaï, incarcéré à la prison de Tébessa depuis ce funeste 18 août 2013. Hiba, Mohamed et leur maman espèrent que la session d'aujourd'hui du tribunal de Tébessa aboutira à la fin de leur cauchemar. C'est une épouse abattue mais stoïque qu'on a eue au téléphone hier. Malgré cette dure épreuve de devoir se contenter d'une visite furtive à son mari chaque mardi, elle reste convaincue que Abdelsamiaa n'a rien à voir avec cette histoire qu'on veut lui coller : avoir facilité l'exfiltration de Hicham Aboud vers la Tunisie le 10 août 2013. «Abdelsamiaa n'a jamais fait cela,c'est impossible, ce jour-là il était venu me récupérer avec les enfants à Meskiana (Oum El Bouaghi) avec ma propre voiture, il ne pouvait donc pas aller au même temps jusqu'à la frontière…» Le ton de cette femme courageuse est décisif, elle joue le rôle du papa et de la maman depuis près d'une année et demie. Elle confirme pourtant que son mari a bien rencontré Hicham Aboud à hôtel El Amir, qui appartient à un député du RND. Rencontre «inopportune» avec Hicham Aboud Elle se demande, à juste titre, pourquoi le patron de cet hôtel n'a pas jugé utile d'informer la police de la présence dans son établissement de Hicham Aboud, alors recherché. Elle lui en veut d'autant plus que la direction de l'hôtel est censée envoyer les fiches de renseignement de tous ses clients à la police. Pourquoi ne l'a-t-elle pas fait ? Mystère… Pourtant, le journaliste Abdelhaï Abdelsamiaa a été placé en détention préventive au motif de n'avoir pas «informé la police à propos d'une personne (Hicham Aboud) recherchée par la justice». «Je me souviens que c'était juste avant l'Aïd, Abdelsamiaa m'avait informé qu'il avait accompli la prière du vendredi avec son directeur (Hicham Aboud) la veille de sa fuite vers la Tunisie. Le 18 août à 12h30, des policiers sont venus à la maison et ont embarqué mon époux juste vêtu d'un pantacourt et d'un débardeur. La scène était horrible pour mes enfants, qui n'ont rien compris et ont vu leur papa empoigné par la police», se rappelle Mme Abdelhaï. Le mercredi de l'espoir Depuis, le journaliste croupit en prison sans être jugé, loin de sa famille. Et son ex-directeur Hicham Aboud a gagné la France le plus normalement du monde, les cachets de la PAF faisant foi. «Abdelhaï Abdelsamiaa, je le connais et je l'ai rencontré à Tébessa dans un cadre purement professionnel, comme je l'ai fait maintes fois à Alger, ce qui n'est pas un délit susceptible de soulever des vagues au point de jeter en prison de pauvres citoyens innocents !», avait réagi Hicham Aboud dans un entretien à Echourouk. Pour autant, il n'a pas cherché à prendre des nouvelles du journaliste ou de sa famille, comme nous le confirme sa femme. «Jamais il n'a pris attache avec moi», lance-t-elle, catégorique. Au même titre que le Syndicat national des journalistes qui n'a pas jugé utile de mobiliser la corporation pour sortir notre confrère du trou dans lequel on l'a jeté. S'agissant de l'affaire proprement dite, le procureur général a demandé, le 21 mai dernier, un pourvoi en cassation auprès de la Cour suprême. A six reprises, la liberté provisoire a été refusée au journaliste. Nous avons tenté, en vain, d'obtenir des explications de son avocat, Me Gouasmia. Quoi qu'il en soit, la famille de notre confrère de Tébessa souhaite qu'il obtiendra, aujourd'hui, une liberté provisoire en attendant d'être jugé.