Un train de voyageurs assurant le trajet Alger-Thénia a déraillé, hier en début de matinée, au niveau de la gare de Hussein Dey. Dans un bilan arrêté à la mi-journée par les services de la Protection civile, l'accident a fait un décès parmi les passagers et 93 blessés, tous évacués vers les établissements hospitaliers Mustapha Pacha, Nafissa Hamoud (ex-Parnet) et l'hôpital de Kouba. La victime de cette tragédie était enseignante à l'université de Bab Ezzouar. De nombreuses ambulances et camions de la Protection civile se sont déplacés sur les lieux du sinistre pour porter assistance et secours aux blessés. Les éléments de la Protection civile ont ouvert une brèche dans le mur de l'enceinte de la gare, donnant sur la route Moutonnière. Cette percée a permis aux secouristes d'avoir un accès direct au lieu de l'accident. Les premières évacuations se sont faites quelques instants après le déraillement du train. L'incessant va-et-vient des ambulances ne s'est arrêté que vers 10h. Concernant les circonstances exactes de cet accident, le directeur général de la SNTF, Bendjaballah Yacine, présent sur place, a déclaré : «Je ne peux pas me prononcer sur les circonstances exactes de l'accident. La commission d'enquête, que nous avons mis en place, est seule habilitée à répondre à cette question. Elle devra analyser, entre autres, le contenu des deux boîtes noires dont est équipé l'autorail. En tout état de cause et quelles que soient les réponses apportées par la commission d'enquête, nous ne pouvons qualifier cet accident que de dramatique.» Excès de vitesse ? A quelques encablures du chemin de fer, de nombreux curieux arpentent le pont qui fait jonction entre l'autoroute et la rue Tripoli. Les premières voitures du train sont visibles de loin. Complètement emboutis et inclinés, les wagons forment un enchevêtrement d'amas de tôles froissées, «le choc a été terrible. Le train roulait normalement, jusqu'à l'entrée de la gare de Hussein Dey, où nous avons senti une énorme secousse. J'ai été projeté en avant, ma tête a heurté le siège d'en face et j'ai perdu connaissance», témoigne un voyageur. «Je suis un habitué du train. A chaque fois que le train arrive à cet endroit, les voitures commencent à osciller dangereusement. Je crois qu'à l'entrée de la gare le rail est difforme», confie un usager. Entre les wagons entortillés et les câbles électriques tombés sur la voie ferrée, des effets de voyageurs jonchent le terre-plein. Des poteaux en fer massif complètement broyés apparaissent en partie sous les wagons. La première voiture est méconnaissable, elle a reçue le choc de plein fouet. Les autres wagons sont venus s'encastrer l'un derrière l'autre. En franchissant le périmètre de sécurité délimité par les services de sécurité, un agent de la SNTF, nous mène jusque dans la cabine du conducteur. Le tableau de bord est fracassé, on peut cependant apercevoir un compteur de vitesse semblable à celui dont sont équipées les voitures, l'aiguille du compteur est bloquée à 80 km/h. «80 km à l'entrée d'une gare c'est énorme», nous confie sous couvert de l'anonymat l'agent de la SNTF. «Le train roulait très vite. A l'entrée de la gare le conducteur aurait dû faire attention à ne pas dépasser les 40 km à l'heure. Ce n'est apparemment pas le cas, preuve en est», nous dira l'agent de la SNTF en montrant du doigt le compteur de vitesse. D'autres usagers et agents de la SNTF, rencontrés sur les lieux du sinistre, convergeront dans leurs témoignages sur cette hypothèse, «cet endroit est marqué par d'importants points d'aiguillage. Le train a été aiguillé vers une autre ligne pour permettre le passage à un autre train rapide partant sur Oran. C'est à ce moment précis que les premières voitures sont sorties de la voie», affirment des agents du chemin de fer. En début d'après-midi une énorme grue a été dépêchée sur place, «l'intervention de la grue permettra de dégager la voie», souligne un cadre de la SNTF.Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, s'est rendu sur les lieux de l'accident ferroviaire, a-t-on constaté sur place. Il était accompagné du ministre des Transports, du directeur de la SNTF, du directeur général de la Sûreté nationale et d'autres responsables concernés par l'accident. Tout le trafic ferroviaire, à la suite de cet accident, a été «interrompu» entre Alger/Oran/Annaba et Constantine, a indiqué dans un communiqué la SNTF. «Il devrait reprendre progressivement demain», selon un cadre de la SNTF.