D 'importantes découvertes préhistoriques viennent d'être mises au jour par une équipe de chercheurs du Centre national de recherches préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH), dirigé par le professeur Slimane Hachi, sur le site dénommé Medjez II. Situé à la sortie est de la ville d'El Eulma, ce site du capsien, de type escargotière, avait déjà été fouillé dans les années 1960 par des chercheurs français, mais depuis quelque temps, il a été réinvesti par une équipe pluridisciplinaire dirigée par l'archéologue Souhila Merzoug que nous avons rencontrée sur place.«Notre équipe, composée de plusieurs spécialistes de diverses disciplines ainsi que des étudiants, a fait plusieurs découvertes majeures notamment des pierres figures, une industrie lithique et osseuse, des restes de faune, des restes humains, des plaquettes gravées, des restes de graines et une découverte-clé : de véritables sols d'occupation avec des structures anthropiques qui indiquent que, contrairement à ce que l'on croyait jusque-là, ces populations avaient des habitats structurés», explique Souhila Merzoug. La découverte la plus importante demeure, cependant, une mandibule humaine très bien conservée. «Nous avons trouvé des restes humains dont une mandibule caractéristique de type Mechta qui nous rappelle les populations ibéro-maurusiennes ainsi que des pièces techniques qui nous permettent de comprendre comment l'homme fabriquait ses outils», poursuit Souhila Merzoug. Analysant la mandibule, Louisa Aoudia, la paléoanthropologue de l'équipe déclare : «C'est une mandibule qui a la morphologie typique des Mechta-Afalou avec des gonions extroversés et une double avulsion dentaire, donc quatre incisives extraites dans la jeunesse de l'individu. Cette population, hommes et femmes, pratiquait ce rite caractéristique pour une raison que l'on ignore encore.» Selon Souhila Merzoug, ces découvertes permettent de mieux comprendre l'homme du capsien dans sa globalité, dans son environnement, son mode de vie et sa culture. Elles permettront également d'expliquer le mode de formation des escargotières. «Medjez II est important dans le sens qu'il s'agit d'un site-clé de la période épipaléolithique qui, surtout, marque les niveaux d'occupation les plus anciens du capsien», conclue-t-elle.