La vue des cadavres des enfants retirés de sous les décombres de l'immeuble de trois étages démoli par l'aviation israélienne sur la tête de près de 60 civils dans le village de Cana, au sud-Liban, a bouleversé les Palestiniens, pourtant habitués à ce genre de génocide. De Ghaza à Jénine, passant par Ramallah, Beitlehm et toutes les autres villes palestiniennes, des dizaines de milliers de citoyens furieux ont manifesté, dimanche, leur colère, en protestation contre l'acte de barbarie perpétré par la machine de guerre israélienne à Cana. Les images venant de ce paisible village ont éveillé les durs souvenirs des multiples massacres israéliens dont ils ont fait l'objet, depuis la création de l'Etat hébreu en 1948. En plus des simples citoyens, les multiples mouvements palestiniens étaient représentés dans ces marches. Ils ont unanimement appelé à la vengeance, jurant de mener des attaques suicides en territoire israélien. Certains ont brandi des portraits du chef du Hezbollah Hassan Nasrallah ainsi que des emblèmes du mouvement chiite libanais. Sur certaines affiches, on pouvait voir le Premier ministre israélien Ehud Olmert et le président américain George Bush avec les inscriptions « terroriste » et « recherché ». Sur d'autres on pouvait lire « de Ghaza à Beyrouth, un même peuple, une même résistance qui ne meurt pas ». A Ghaza des jeunes manifestants en colère ont investi les locaux de l'ONU, brisant à coup de pierres les vitres ainsi que les pare-brise de certains véhicules portant l'emblème des Nations unies avant d'être dispersés par les forces de l'ordre, qui ont dû tirer en l'air. Le président palestinien Mahmoud Abbas a pour sa part appelé à un cessez-le-feu sans délai au Liban. « Ce nouveau crime israélien nécessite un cessez-le-feu immédiat pour préserver les vies de civils innocents », a-t-il déclaré. Le Premier ministre palestinien, Ismaïl Haniyeh, issu du Hamas, a déclaré de son côté que ni les Palestiniens ni les Libanais ne s'inclineraient devant cette « guerre ouverte ». Hussein, un jeune cadre en compagnie de sa femme et de son enfant de 5 ans qu'il portait sur ses épaules, nous a déclaré que « ce qu'on a vu aujourd'hui à Cana est le véritable visage de l'ennemi sioniste qui ne recule devant rien pour aboutir à ses fins. Il considère les Palestiniens ainsi que tous les Arabes comme des insectes qu'il peut piétiner sans aucun regret. Depuis sa création, il a commis des centaines de crimes comme celui de Cana à plus faible ou à plus grande échelle, contre tous les peuples de la région, sans que cela ne suscite la réprobation de la communauté internationale. Les massacres commis contre les Palestiniens et les Libanais n'auraient jamais pu avoir lieu sans la couverture américaine et le silence complice des gouvernants arabes. Pour l'avenir de nos enfants la résistance doit se poursuivre ». En fait, les manifestants palestiniens semblaient plus en colère contre les dirigeants arabes que contre Israël même. Pour eux, l'Etat hébreu est un ennemi duquel il faut s'attendre à tout, mais d'un autre côté, ils n'arrivent pas à comprendre la position des actuels dirigeants arabes.