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Itinéraire dans Beyrouth martyre et résistante
« Nous sommes condamnés à survivre »
Publié dans El Watan le 01 - 08 - 2006

En 1982, Ali Zyoun avait 14 ans lorsque l'armée israélienne a envahi le Liban. Avec ses parents et ses frères, il s'est réfugié durant huit mois au jardin d'Asanayeh, à Beyrouth Ouest, alors que les canons israéliens taillaient en pièce la ville, obligeant les combattants de l'OLP à quitter le Liban et ouvrant royalement la voie aux phalanges libanaises pour perpétrer les massacres de Sabra et Chatila.
Vingt-quatre ans après, « mon fils aujourd'hui a mon âge lors de l'invasion et avec lui je dors dans le même jardin, mais j'espère qu'on ne va pas dormir ici pendant huit mois », dit Ali, rencontré au soir sous un arbre du jardin, au milieu des 450 personnes ayant trouvé refuge dans ce décor bucolique. Habitant Jnah, près de la banlieue sud de Beyrouth, il s'est enfui avec sa femme et ses cinq enfants sans rien emporter de chez lui à 22h le deuxième jour de l'attaque israélienne. « Nous habitions près d'un pont, nous avions peur et le navire israélien était juste en face de chez nous », poursuit-il. « Mais même ici, les réfugiés ont peur, car en 1982, Israël a ciblé un immeuble jouxtant le jardin et il s'est effondré sur les réfugiés de l'époque », rappelle Ali, jeune volontaire humanitaire qui avait un an en 1982, mais dont l'invasion reste vive dans sa mémoire. Ali espère-t-il retrouver sa maison ? « Non seulement je vais retrouver mon domicile, mais aussi nous allons récupérer toutes nos terres spoliées par Israël », répond-il alors que le dîner est servi par les volontaires. « Nous sommes en majorité des étudiants et nous représentons toutes les tendances, toutes les religions du Liban », dit Dalya Khoury, 21 ans, chargé de l'alimentation. Les repas sont offerts par des particuliers de tout Beyrouth. A Djemayzé, le quartier chrétien par excellence à Beyrouth Est, des familles chiites de la banlieue sud et du Sud-Liban ont trouvé refuge chez des catholiques et des maronites. « Israël a parié sur la dissension entre les confessions, mais cela n'a pas marché. Au contraire, cette guerre a unifié à jamais sunnites et chiites », estime Haydar Hocine, 30 ans, chargé du secours civil à Nabateyah, rencontré à la place des Martyrs avant-hier soir où les Beyrouthis ont allumé des bougies pour les victimes du massacre de Qana. Le gouvernement libanais a déclaré hier, journée de deuil national. Mais le deuil n'empêche pas les Beyrouthis de vivre. La saison touristique est certes condamnée. Les cafétérias de Riyadh Solh sont dramatiquement désertes, mais les jeunes de la capitale sortent la nuit, se rencontrent dans des clubs, fument des narguilés ou sifflent des bières, à l'est ou à l'ouest de la ville. Les gens sont « condamnés à survivre », dit une marchande d'artisanat qui a décidé de rouvrir profitant de la trêve non dite permettant à Beyrouth de souffler un peu. La ville n'est plus la cible des bombes israéliennes depuis voilà cinq jours. « On se demande ce qu'Israël peut encore bombarder dans la banlieue sud. La région a été transformée en un immense terrain vague. C'est le plus grand terrain de football au monde. Peut-être qu'on pourra organiser le Mondial là-bas », ironise Dina, habitant Bechamoun, sur les hauteurs de Aliyeh, surplombant l'aéroport. « Mais, comme de coutume, on s'attend au pire. Le Hezbollah a vidé une partie de la banlieue est de ses habitants. On dit qu'Israël prépare des frappes contre le sous-sol de la banlieue pour traquer Nasrallah et Al Manar qui continue à diffuser ses programmes. L'aviation israélienne utiliserait des bombes spéciales », dit Mohamed Sebaî, la soixantaine, directeur de la revue Arrimal (sables), dans le taxi qui nous emmène vers la banlieue sud au tarif de 20 dollars l'heure après négociations.
Srebrenica à Beyrouth sud
La banlieue sud de Beyrouth, où se retrouvent notamment les camps de Sabra et Chatila, s'est développée durant la guerre civile au Liban (1975-1991) suite aux déplacements obligatoires des populations chiites de la région chrétienne de Bordj Hamoud, à Beyrouth, ainsi que du sud du Liban et de la Beqaâ. Notre taxi s'arrête devant le pont vers l'aéroport, à Ghbiriyeh, face à l'hôpital Sahel et au siège du Conseil suprême islamique chiite. Le pont est détruit dans deux points et les proches immeubles ont subi le souffle des explosions. Marcher dans la banlieue sud, c'est marcher sur des morceaux de verre, enjamber des débris, regarder le ciel et tendre l'oreille en cas de raid — en général, en début d'après-midi ou la nuit — et constater qu'aucune âme n'y vit ou n'y circule. Les rues sont désertes, à part les quelques « chabab » (jeunes, activistes du Hezbollah) qui nous interdisent l'accès à Haret Hrik, le carré de sécurité du parti abritant ses principales institutions intensément bombardées. Il faut une autorisation de la cellule d'information du parti. « Appelez ce numéro, bonne route », dit le jeune aimablement, mais en fronçant les sourcils. Mohamed Sebaî se tient devant la barrière face au jeune et lui indique un immeuble de quatre étages qui n'en compte que deux : « Tu vois, j'habite là. J'ai perdu un trésor : l'ensemble de mes articles durant des dizaines d'années. » On remonte dans le taxi, le compteur tourne. Il faut contourner le carré de sécurité, constater la frappe aérienne contre Moudjamaâ achouhada, le complexe du parti servant à célébrer des cérémonies religieuses ou politiques. L'immeuble à côté est éventré de haut en bas. Le mobilier est indécemment à l'air, les chambres, des affaires familiales pendouillent sur quatre étages de hauteur. La rue Abdennour, qu'on aperçoit en continuité du complexe au cœur de Haret Hrik, est totalement détruite. Portraits de l'imam Moussa Sadr, Nabih Berri et Hassan Nasrallah, mais aussi des chouhada (martyrs) jalonnent le parcours. Sur un mur, des affiches en rouge avec l'inscription « Srebrenica, le crime et la sanction » montrant une image des victimes du massacre en Bosnie. Les commerces divers, témoins du dynamisme de la banlieue chiite, sont fermés. La station d'essence non loin du pont Sfeir — bombardé — est complètement détruite. La dernière frappe, mardi dernier, c'était là, rue Al Djamouss. Un immeuble est à terre. Route de l'aéroport, plein Sud. Le siège de l'American Life, une compagnie d'assurances US, est abandonné depuis 1975, année du début de la guerre civile. Mohamed Sebaî en rigole. Pas le taxi qui hésite à prendre la route de l'aéroport : « Les MK (drones israéliens de reconnaissance) survolent la région et les navires israéliens peuvent nous apercevoir. » On prend quand même l'autoroute maritime déserte vers l'aéroport. « Nous n'entamerons aucune réparation des pistes avant le cessez-le feu », dit un colonel de la sécurité de l'aéroport dans son bureau. L'aéroport international Rafic Hariri, dont une bonne partie a été finalisée et modernisée en 2000, accueillait 12 000 passagers/jour. Dans l'immense hall sophistiqué, on n'entend que nos bruits de pas. Les avions de la Meadle East Airlines libanaise ont été transférés à Chypre et en Syrie pour assurer leurs rotations. Seuls des avions militaires jordaniens, émaratis et égyptiens peuvent s'y poser sur une piste relativement épargnée. Les pistes et le réservoir de carburant ont été les premières cibles des frappes israéliennes sur Beyrouth et qui ont été bombardés par l'aviation et la marine israéliennes au moins trois fois ensuite. Retour vers le centre-ville de Beyrouth. Le taxi respire. Pas Beyrouth.


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