Les enseignants grévistes des écoles de commerce de Koléa persistent et «re-signent» une énième missive à l'endroit du ministère de l'Enseignement supérieur. «Une lettre de rappel», précise le professeur Abdelkader Gliz, enseignant et président du bureau exécutif du syndicat des enseignants de l'Ecole supérieure de commerce (ESC). Dans une nouvelle correspondance adressée suite au rassemblement tenu le 5 novembre dernier sur le site de Koléa, les mêmes sollicitations ont été portées une fois de plus par les enseignants et travailleurs de l'Ecole des hautes études de commerce (EHEC), de l'Ecole nationale supérieure de statistique et d'économie appliquée (ENSSEA) et celle du commerce (ESC). Les signataires mettant l'accent, cette fois-ci, particulièrement sur le point le plus «urgent» de leur plateforme de revendications, à savoir l'assurance de moyens de transport «décents» pour l'ensemble des enseignants et travailleurs. «A ce jour, la grève est encore observée à l'ESC par une trentaine d'enseignants et une quarantaine de travailleurs. Le problème du transport est bien réel, car il n'existe aucun moyen de transport entre Koléa ville et le site universitaire», indique le professeur Gliz. Un autre enseignant rencontré devant les arrêts de bus universitaires du pôle de Koléa nous a fait part de son mécontentement «pour rejoindre nos postes. Désormais, nous devons nous lever aux aurores ; la première navette du COUS quitte Alger à 7h ! Nous sommes vivement embarrassés à jouer des coudes avec nos étudiants pour prétendre à une place assise, sinon c'est la position debout pour une heure ou plus dans le bus. C'est humiliant», clame-il. En effet, hormis les bus universitaires, le site, isolé, ne semble pas intéresser les transporteurs privés ; quant aux taxis, il faut compter une petite fortune pour rallier la colline sur laquelle le nouveau pôle est perché. «desservir la nouvelle université n'est pas rentable pour nous, il n'y a ni habitants ni commerces là-haut, que des chantiers et donc très peu de voyageurs», confie le receveur d'un bus à Koléa. Les étudiants que nous avons interrogés sur le sujet semblent quant à eux résignés à leur sort : «Nous n'avons pas le choix, mais nous regrettons sincèrement que nos enseignants les plus éminents soient en désaccord avec la direction. S'il arrive qu'ils partent, ce serait un grand coup porté à la qualité de l'enseignement qu'on nous a promis dans ces écoles d'élite», regrette une étudiante en économie appliquée. Retard La jeune fille dispose de son propre véhicule, mais elle tient à contester également l'isolement du site et l'état peu convenable des routes qui y mènent.Le pôle dit «d'excellence» et regroupant quatre écoles supérieures dans la localité de Koléa, dans la wilaya de Tipasa, continue donc de vivre au rythme des troubles. «malgré la timide reprise des cours, plusieurs modules spécifiques n'ont pas encore été entamés et cela risque de générer un retard considérable pour les étudiants si le mouvement de grève persiste», confirme un responsable pédagogique, membre du bureau exécutif du syndicat des enseignants de l'ESC. Pour rappel, les trois grandes écoles (EHEC, ENSSEA et ESC) avaient contesté la décision du ministère de délocaliser les écoles supérieures à Koléa. La fin de non recevoir essuyée par les protestataires avait provoqué un mouvement de grève, tenu depuis le premier jour de la rentrée et maintenu à ce jour par près d'une centaine de contestataires entre enseignants et travailleurs. «A la suite de plusieurs assemblées générales, les enseignants de l'ESC d'Alger ont décidé d'entamer des négociations avec le MESRS afin de trouver une solution à notre conflit. Les représentants de l'ESC d'Alger ont été reçus par M. le ministre le 22 septembre. Lors de cette rencontre, nous avons exposé au ministre la série de revendications formulées par les enseignants, mais en dépit des promesses qu'il nous a faites, relayées par les engagements du directeur de l'ESC, il n'existe pas à ce jour de transport réservé aux enseignants et aux travailleurs, ce qui nuit gravement au statut des enseignants et sanctionne de facto les étudiants des écoles délocalisées, qui nous manifestent, d'ailleurs, toute leur solidarité.» Dimanche dernier, une autre manifestation des grévistes a été organisée devant le ministère de l'Enseignement supérieur, suite à laquelle une délégation a été reçue par le secrétaire général du ministère. Selon les participants, une réunion avec le directeur du COUS, qui s'est présenté au cabinet du ministre ce jour-là, s'est conclue par une nouvelle promesse de mettre à la disposition du corps enseignant et des travailleurs une flotte de véhicules de transport de personnel.