Embarrassante pour les pouvoirs publics, dont des émissaires ont été dépêchés sans trop convaincre. Prévisible en raison des conflits larvés et différends qui se disputent le contrôle des affaires de la zaouia, la crise contenue jusque-là par le savoir-faire du cheikh Al Timacini, lequel avait réussi, en janvier dernier, à empêcher la scission en s'opposant fermement à l'autorisation de H'mida M'hamed comme khalifa, a fini par éclater au grand jour. Effectivement, ce qui s'apparentait à une querelle de famille s'allie de plus en plus à une scission de clans rivaux. En effet, lundi dernier, au sein de la mosquée de M'hat Essoltane (ex-siège du khalifa) en l'absence et contre l'avis de la volonté du cheikh de la tarika, un groupe de dissidents (90 signataires), descendants du cheikh fondateur représentant des trois fractions constitutives de la famille Tidjani, ont procédé à l'installation d'un « haut conseil de la tariqua ». Le doyen des descendants, et successeur virtuel, Hadj Mahmoud, a été nommé président d'honneur, la présidence effective est revenue à Belarabi, connu comme étant l'un des recteurs des rapports avec l'administration locale. La création de cette structure parallèle, qui consacre un bicéphalisme de fait, a été décidée quelques jours auparavant, lors d'une réunion tenue au vieux palais de Kourdane en présence d'un huissier de justice. Contrairement à l'usage qui veut que seuls les aînés âgés de quarante ans et plus prenaient part aux grandes décisions. La nouveauté est venue cette fois-ci de l'élargissement de la concertation à l'ensemble des descendants mâles âgés de 18 ans. A défaut de pouvoir contester l'autorité spirituelle du cheikh de la zaouia désigné selon le critère de l'âge, les initiateurs de la démarche sans le dire ne lui reconnaissent pas l'autorité sur le khalifa (notion récente). « Le détenteur de ce titre, appelé à gérer le réseau complexe de la zaouia, ses biens à travers le monde doit être désigné par la majorité, sinon élu », avance-t-on. La nuance invoquée entre la notion de cheikh et celle de khalifa tient aussi au problème du siège non encore réglé. Dès le lendemain de son installation, El Hadj M'hamed a établi son siège dans sa propre zaouia, parce qu'il ne pouvait régner sur la confrérie à partir de M'hat Essoltane édifiée sur des terrains, propriété de son prédécesseur. A ce titre l'on comprend la volonté affichée du khalifa de réhabiliter la zaouia mère sise au vieux ksar comme solution idoine pour régler un problème de lieu hautement symbolique. Selon nos interlocuteurs, le parcours a une nouvelle structure…