Rivaux, adversaires de toujours et frères ennemis autour d'une même table : c'est le pari du sommet de l'Union pour la Méditerranée (UPM) qui réunit demain à Paris, après beaucoup de suspense et de difficultés, les dirigeants de plus de 40 pays. Pour parvenir à rassembler des Nations au départ hostiles au projet, en conflit, ou englués dans des rivalités depuis des décennies, Nicolas Sarkozy aura dû s'employer jusqu'au dernier moment, en multipliant les coups de téléphone et en dépêchant ses émissaires. Il a réussi à convaincre le président syrien Bachar al-Assad de faire le voyage de Paris, sur fond de normalisation entre la France et Damas. Bachar al-Assad se retrouvera à Paris avec le Premier ministre israélien Ehud Olmert, alors que les deux pays sont formellement en guerre depuis 1948.La France a espéré secrètement une rencontre directe entre MM. Assad et Olmert, mais celle-ci n'est plus envisagée. «Pour Assad, rencontrer Olmert reviendrait à rompre avec tout son héritage», explique Antoine Basbous, de l'Observatoire des pays arabes. «Olmert, en revanche, se jetterait dans les bras d'Assad s'il le pouvait, parce qu'il est en difficulté chez lui», en raison d'une affaire de corruption. En marge de la réunion, Ehud Olmert doit rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas, tandis que Bachar al-Assad devrait voir, pour la première fois depuis qu'il est président du Liban, le général Michel Sleimane, qui veut normaliser les relations de son pays avec Damas. Plus ennuyeux pour l'UPM, les pays du Maghreb – dont les rivalités paralysent l'UMA (Union du Maghreb arabe) – n'arrivent pas à se mettre d'accord pour savoir lequel d'entre eux pourrait accueillir le secrétariat. Tunis est candidate. Le Maroc est candidat. Et il n'y a pas d'accord.