A la tête du secteur de l'éducation de la wilaya de Constantine, Ahmed Guellil se fixe deux objectifs primordiaux : la poursuite de l'assainissement d'un secteur qui a longtemps végété dans la « sinistrose » et le désengorgement à court terme des classes surchargées. Constantine figure cette année dans le top ten des wilayas ayant réussi à accomplir des taux records lors des examens du BEF et du bac, quelle est votre lecture de cette performance ? Lorsque l'on a pris les rênes du secteur de l'éducation, Constantine caracolait à la 32e position (sur 48) avec un taux de réussite au bac ne dépassant guère les 27%, la politique du rachat aidant (qui n'a plus cours depuis 2001, ndlr). D'ailleurs depuis 1983 jusqu'à 1999, ce dernier est demeuré stable aux alentours de 24,85%. Cependant, durant la période comprise entre 2001 et 2004, notre wilaya s'est permis le « luxe » de s'attaquer à une citadelle longtemps imprenable, celle des mentions : 4110 « assez bien », 340 « bien » et 16 « très bien ». Nous avons même pu placer cette année le lycée Soumia en 4e position nationale sur un ensemble qui n'en compte pas moins de 1345 établissements. Plusieurs facteurs ont positivement concouru pour ce faire. Nous pouvons citer à titre illustratif : la persistance des stages de perfectionnement qui ont touché une grande part des enseignants, la revue à la hausse de la moyenne d'accès à certaines filières, l'adéquation des opérations inhérentes à l'orientation, le renforcement des heures de soutien et de rattrapage à l'intérieur des établissements scolaires ou encore l'obligation de résultats par l'application des directives ministérielles relatives au système des sanctions et des récompenses concernant les équipes administratives et pédagogiques. Où en est la situation des infrastructures à quelques jours de la rentrée ? Au cours des trois précédentes années, nous avons ouvert 7 lycées et technicums pour un montant global de 684,99 millions de dinars, 20 collèges et 388 divisions scolaires du cycle primaire. Concernant la présente rentrée, 54 nouvelles divisions sont fin prêtes pour accueillir nos potaches des deux nouvelles villes Ali Mendjelli et Massinissa, de la cité Bareghli à Hamma Bouziane et de Oued Hdjar qui relève de la commune de Didouche Mourad. Trois CEM seront effectifs à Ben Badis (El Haria), Mendjelli et Zouaghi. Quant au nouveau lycée de Oued Hdjar (d'une capacité de 1300 places, dont 300 sont réservées aux demi-pensionnaires), il viendra désengorger les établissements de Békira et de Didouche arrivés à saturation. Nous comptons ainsi limiter le taux d'occupation des classes à une fourchette raisonnable comprise entre 32 et 36 élèves par classe. En outre, 2000 repas seront servis quotidiennement dans les cantines des établissements prévus à cet effet. A partir de cette rentrée, les élèves de la 2e année primaire entameront l'apprentissage de la langue française, est-ce que tout est fin prêt pour cette expérience ? Permettez-moi tout d'abord de vous signaler que je compte parmi les plus fervents partisans de l'apprentissage précoce des langues vivantes étrangères et le français constitue la première langue véhiculaire de notre pays. A l'ère de la mondialisation à outrance, il devient impérieux de mettre toutes les chances de la réussite du côté de nos enfants. A cet égard, Constantine figure parmi le club très restreint des wilayas où cette expérience hautement intéressante verra les postes d'enseignement pourvus : 40 retraités sont d'ores et déjà affectés et nous mettons actuellement les dernières retouches aux 160 demandes déposées par les universitaires titulaires du diplôme adéquat. La liste définitive des reçus sera incessamment rendue publique. Il nous reste à espérer que tout le personnel rejoigne son poste, surtout celui qui sera désigné dans les zones relativement éloignées. Qu'en est-il à présent du livre scolaire ? J'ai installé personnellement une commission de suivi et de contrôle à sa tête et un inspecteur général pour veiller au grain. Nous préparons l'opération « distribution des manuels scolaires » depuis le début du mois de mai dernier. Que ce soit pour ceux qui relèvent du CRDDP (service des publications du livre scolaire dépendant du MEN, ndlr) ou de la sphère des imprimeurs privés, là aussi tout est fin prêt. Tout a été déposé au niveau des établissements scolaires tous paliers confondus. Nous pouvons même garantir la couverture à hauteur de 120%. Cette année, nous procédons à une nouveauté, celle qui consiste en la location des manuels aux apprenants des classes soumises au système de la réforme : 250 DA pour le pack des 5 manuels de 1re année primaire, 400 DA le pack de 6 pour la 2eannée du même cycle, 300 DA le pack de 9 pour la 1re année moyenne et 500 DA le pack de 10 pour la 2eAM. Le Comité de wilaya de la solidarité scolaire se chargera par ailleurs de distribuer, à titre gracieux, tous les livres scolaires aux victimes du terrorisme, aux indigents et autres nécessiteux. Sur un autre plan, il faut savoir que pas moins de 168 millions de dinars (alloués au titre de la bourse présidentielle) sont à notre disposition pour être redistribués à 84 000 élèves qui y ouvrent droit. 15 000 packs scolaires sont réservés, quant à eux, au personnel de notre secteur en plus des primes à la scolarité d'usage. Le mot de la fin, monsieur le directeur... Je demeure ouvert au dialogue constructif et toute ouïe à toutes les initiatives qui sont susceptibles de redorer, même un tant soit peu, le blason terni d'un secteur qui ne concerne pas moins une ville, une wilaya qui fut l'antre de la lumière et du savoir. Nous devons être à la hauteur d'une cité qui a vu naître dans ses murs un savant de l'envergure de cheikh Abdelhamid Ben Badis.