Achaque rentrée sociale, de nombreux citoyens, hommes et femmes, se ruent sur les piscines réparties à travers le territoire national pour s'inscrire. Certains pour la simple envie d'y pratiquer la natation, d'autres sur prescription médicale. Dans la capitale, la pression est telle que beaucoup d'entre eux n'arrivent pas à trouver des créneaux horaires leur convenant. Ces derniers jours, l'entrée de la piscine du 1er Mai est submergée par des personnes qui se renseignent sur le début des inscriptions. Certains prix sont affichés sur un tableau à l'entrée. Pour les adultes, le tarif est de 3000 DA par mois pour deux séances hebdomadaires, nous confie un employé. Les sportifs, eux, sont soumis à une autre règle ; ce sont les clubs – ou leur ligue, à moins que ce soit carrément le ministère des Sports – qui se chargent du paiement. En tout état de cause, face à l'afflux grandissant, les piscines sont devenues des sources d'entrées d'argent conséquentes pour les OPOW. Dans la capitale, il n'y a que 7 piscines fonctionnelles, indique-t-on à la Fédération algérienne de natation (FAN). Ce qui est très insuffisant : 7 piscines pour 57 communes et 2,4 millions d'habitants. Par ailleurs, une trentaine de clubs algérois font de la compétition ; leurs dirigeants doivent se «débrouiller» des créneaux, alors que leurs athlètes sont souvent des lycéens ou des étudiants. C'est-à-dire qu'ils ne sont pas libres tout le temps. 7 piscines pour 57 communes et 2,4 millions d'habitants Le problème serait certainement moindre si nos universités, par exemple, étaient dotées d'infrastructures sportives complètes, comme c'est le cas dans d'autres pays. Un problème que rencontre même l'équipe nationale, dont les éléments se préparent, quelquefois, pour des rendez-vous sportifs internationaux, en «partageant» la piscine avec le public par l'occupation de deux ou trois couloirs seulement. Pour y remédier, les autorités ont lancé un vaste programme. Trois piscines olympiques devraient être réalisées à Alger, ainsi que 8 autres semi-olympiques. Ce qui, quand elles seront livrées, atténuera un tant soit peu la pression. La piscine est l'infrastructure sportive la plus rentable. Au niveau de celle du 1er Mai, l'abonnement mensuel est de 3000 DA pour les adultes pour deux séances hebdomadaires, alors que le prix est de 2000 DA pour les enfants de 6 à 13 ans et de 1500 DA pour les adolescents, avec seulement une séance par semaine. Celle jouxtant le stade du 5 Juillet engrange pas moins de 400 millions de centimes par mois, nous a indiqué un cadre de l'Office du complexe olympique (OCO) Mohamed Boudiaf. Quelquefois, le chiffre est plus important. Bien évidemment, les tarifs sont différents pour les clubs sportifs, qui louent un couloir, dans lequel s'entraînent 25 athlètes, à 4500 DA l'heure. «La piscine est devenue une véritable usine», nous a déclaré Ahmed Chebaraka, le président de la FAN. C'est cette rentabilité qui fait que, consciemment ou non, la priorité est à l'aspect financier. Beaucoup de clubs se sentent lésés, alors que la première vocation d'une piscine est la performance sportive. Cette rentabilité croissante des piscines présente-t-elle un problème pour la performance sportive ? Pour plus d'un, c'est le cas. La conception des piscines renseigne sur leur utilité. Elles sont destinées à la performance sportive. Les sportifs se sentent lésés dans la mesure où de «simples» adhérents leur disputent cet espace. D'autant plus que, de cette manière, ils ne peuvent pas disposer de l'infrastructure à leur guise et doivent s'adapter aux créneaux horaires qui leur sont attribués. Et comme il n'y a pas beaucoup de piscines à Alger, pour n'évoquer que la capitale, alors que le nombre des clubs est élevé, leur «part» dans les plages horaires sont «maigres». Que faut-il faire ? En l'absence d'infrastructures suffisantes, les sportifs devront s'accommoder de cette situation. Ils n'ont pas d'autre choix, d'ailleurs, en attendant que soient réalisées de nouvelles piscines…