Les Tunisiens n'étaient pas très enthousiastes, hier, pour faire le déplacement aux bureaux de vote à l'occasion de l'élection présidentielle. A 11h, le taux de participation n'était que de 11,85 %. Les longues files matinales, observées lors des élections législatives du 26 octobre dernier, n'ont pas été enregistrées hier, à l'ouverture des bureaux de vote. Les électeurs ayant fait le déplacement, sont vite rentrés chez eux, après avoir accompli leur devoir électoral. «Cela n'a rien à voir avec le scrutin du 26 octobre, quand j'ai fait la queue pendant deux heures. Aujourd'hui, il n'y avait que deux électeurs devant moi», a dit Rana, étudiante en médecine, qui a voté à l'école primaire du 2 Mars 1934 à Sfax. Même constat observé par Hassen, un collègue journaliste, qui a voté à l'école primaire Tahar Sfar, à Hammam Lif, dans la banlieue sud de Tunis. «Les électeurs n'ont pas eu à attendre cette fois pour entrer au bureau de vote. C'est vraiment très différent par rapport aux élections du 23 octobre 2011 et 26 octobre 2014, quand la durée moyenne d'attente dépassait les deux heures», a-t-il souligné. Par ailleurs, plusieurs stations radio ont constaté un faible engouement matinal pour ce nouveau scrutin. Par ailleurs, le membre de l'Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), Nabil Bafoun, a confirmé ce sentiment dans une déclaration à l'agence de presse officielle TAP. «La présence des jeunes dans les centres de vote est faible jusqu'à maintenant», a-t-il déclaré. Bafoun a appelé les électeurs à participer massivement aux élections pour «contribuer à l'édification de l'avenir du pays». Bafoun s'est dit convaincu «de l'adhésion des Tunisiens à la réussite de tout le processus électoral». Le gouvernement tunisien a pris des mesures draconiennes de sécurité pour la bonne marche de l'opération électorale. Ainsi, les frontières avec la Libye ont été fermées pour quatre jours, les 20, 21, 22 et 23 novembre, en prévision du scrutin. Précautions tous azimuts De même, l'ISIE a décidé de limiter, de 10h à 15h, les horaires d'ouverture de 56 bureaux de vote dans trois régions frontalières avec l'Algérie (Kasserine, le Kef et Jendouba), et ce, pour des raisons sécuritaires. Les autres bureaux de vote ont ouvert de 8h à 18h. Par ailleurs, la présence policière a été renforcée dans toute la République, notamment à l'entrée de toutes les villes. Le boulevard Habib Bourguiba, principale artère du centre-ville de la capitale tunisienne, a été interdit à la circulation des voitures, durant toute la journée d'hier. Des files de voitures de police et des unités spéciales, bondées d'hommes en uniforme, ont occupé la partie centrale de l'avenue. Les mesures de sécurité observées dépassent, même, celles ayant accompagné les élections législatives. «Ces diverses précautions s'expliquent par l'importance de ce scrutin, aussi bien à l'échelle locale qu'internationale», a remarqué le politologue Hamadi Redissi. «La Tunisie est aujourd'hui sous la loupe du monde entier et elle n'a pas droit à l'erreur, malgré la conjoncture difficile qu'elle traverse, notamment en termes de conjoncture internationale très difficile, marquée par la montée du terrorisme», a-t-il ajouté, pour expliquer la prudence extrême des autorités. Avec ce deuxième scrutin, la Tunisie est certes sur la bonne voie pour réussir sa transition démocratique. Mais la bataille n'est pas encore gagnée.