Les ménages algériens consacrent en moyenne 3000 DA de leur revenu mensuel pour le transport urbain, selon une étude réalisée récemment par le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAP). Dans une déclaration faite jeudi à l'APS, le directeur des études du CENEAP, Tahar Houcine, a indiqué que cette étude a touché six wilayas du pays, dont Annaba, Constantine, Oran et Alger. Les principales agglomérations du pays sont passées à la loupe du CENEAP dans la perspective de dégager, souligne-t-on, « une stratégie dans le domaine du transport ». Selon l'analyse, la majorité des Algériens ont recours au transport privé en dépit d'une « désorganisation » qui caractérise celui-ci. Des bus privés jouent un rôle important en matière de transport », relève le CENEAP. Ceci dit, si la moyenne nationale en matière de dépenses consacrées au transport tend à éroder le budget des familles algériennes, soit 30% du salaire national minimum garanti (SNMG), il reste que nombre d'Algériens affirment dépenser « beaucoup plus » pour se déplacer. Pour ne citer que les usagers des bus, moyen de transport par excellence des petites bourses, il est établi que le budget du transport dépasse allégrement le montant communiqué par l'étude. Cette tendance est perceptible surtout chez les banlieusards, contraints de gagner quotidiennement la capitale ou l'inverse. A titre d'exemple, un citoyen résidant à Tizi Ouzou affirme débourser près de 5 000 DA par mois pour ses déplacements quotidiens vers la capitale. « Je prends le bus tous les matins pour rejoindre mon lieu de travail à Alger, précisément à El Biar. Je suis donc tenu chaque jour que Dieu fait de consacrer 200 DA pour le bus et 40 DA pour le taxi collectif. Si l'on élimine les week-ends, mon budget transport est donc évalué à au moins 5 000 DA par mois », dit-il. Des témoignages recueillis auprès de citoyens d'Alger vont dans le même sens. « Je réside à Bab Ezzouar (10 km à l'est d'Alger) et je travaille à Bou Ismaïl (50 km à l'ouest d'Alger). Je prends deux bus, ce qui me coûte 55 DA, soit 110 DA par jour. Résultat, pas moins de 2500 DA sont consacrés uniquement pour aller travailler », confie ce père de famille. Et de préciser que le montant « réel » dégagé pour les déplacements extra professionnels (sa famille étant incluse) tourne autour de 10 000 DA par mois. « Je n'exagère pas ! », martèle-t-il, enchaînant que les « clandestins » auxquels il a recours lorsqu'il se déplace en famille l'ont « carrément saigné à blanc ». Sans avoir la prétention de désavouer l'étude du CENEAP, qui, faut-il le noter, a nécessité quatre années de travail, il n'en demeure pas moins que la somme dégagée par l'enquête, soit 3000 DA par mois et par famille, est souvent consacrée par une seule et unique personne. Toujours est-il que sans un secteur de transport moderne, fiable et populaire, comme le métro et le tramway, les Algériens continueront inexorablement à mettre une bonne partie du revenu pour le transport urbain.