« Pourquoi seuls les proviseurs sont tenus pour responsables des mauvais résultats obtenus au baccalauréat ? » s'interrogent un nombre de plus en plus grand de directeurs de lycée qui déclarent être solidaires avec leurs collègues de Djelfa sanctionnés dernièrement suite au faible taux de réussite obtenu dans cette wilaya. Après les quatorze directeurs suspendus l'an dernier pour le même motif, d'autres s'attendent à subir le même sort cette année. La commission mise sur pied par le ministère de l'Education pour enquêter sur les mauvais résultats obtenus au baccalauréat doit se rendre, apprend-on, dans les cinq dernières wilayas du classement. Après Djelfa, cette commission est attendue, ces jours-ci, à Laghouat puis à Tamanrasset. Les proviseurs de quelques wilayas de l'ouest du pays qui se sont rencontrés, ces derniers jours à Oran, n'apprécient pas le fait d'être pris pour des boucs émissaires. « Pourquoi cette commission est-elle composée uniquement d'inspecteurs qui, comme tout le monde le sait, ne s‘entendent pas très bien avec l'administration ? » déclarent ces chefs d'établissements du secondaire qui exigent que ces enquêtes soient menées par des équipes mixtes comprenant des proviseurs « plus aptes, selon eux, à apprécier les conditions de travail de leurs collègues mis en cause ». D'autre part, faisant référence au cadre de loi qui les régit, ils ont tenu à rappeler que l'exigence des résultats ne figure pas parmi les fautes professionnelles mentionnées. « Qu'on respecte la loi ou du moins qu'on la révise pour inclure cette exigence », déclarent-ils considérant que leurs collègues sont, jusque-là, sanctionnés abusivement. Système d'évaluation « erroné » Ces proviseurs dont la réaction commence à faire tache d'huile se disent ne pas être totalement contre le principe de l'exigence des résultats mais « il faudrait au préalable réunir toutes les conditions de travail indispensables à une bonne gestion des lycées et intervenir au niveau des autres cycles (primaire et moyen) pour mettre un terme au système d'évaluation « erroné qui fait que les élèves qui arrivent au lycée n'ont, dans leur grande majorité, pas le niveau requis ». Lors de cette rencontre , les proviseurs ont tenté d'établir un inventaire des conditions « déplorables » dans lesquelles se débat l'enseignement et en particulier le cycle secondaire : la formation au profit des directeurs, « qui n'a jamais eu lieu », surtout avec l'entrée en vigueur de la réforme et le projet d'établissement ; le manque d'enseignants et la désignation de certains pour enseigner une matière qui n'est pas leur spécialité ; le non-respect de la réglementation par tous les cadres des échelons supérieurs qui « ordonnent » la réinscription de certains élèves exclus ; le nombre élevé d'élèves par classe qui nécessite d'être réduit et unifié à l'échelle nationale ; l'insuffisance du budget des établissements et le renouvellement des équipements qui ne se fait pas tous les dix ans comme prévu. De nombreuses autres « lacunes » ont été répertoriées par ces directeurs qui comptent s'organiser pour se défendre et exiger que la responsabilité soit objectivement partagée par tous ceux qui ont un rapport, de près ou de loin, avec les résultats.