Avion en retard ? Bagages perdus ? «C'est l'Algérie !» a tenté Mohamed Boultif en guise d'explication. C'était mardi au forum El Moudjahid à Alger. Deux jours plus tard, la gestion de Mohamed Boultif se donnait à voir dans toute sa splendeur à l'aéroport Rabah Bitat d'Annaba. 26 novembre. 18 heures. Deux passagers se présentent au comptoir d'enregistrement pour Alger. Des salariés de la Société Générale en déplacement professionnel à Annaba. L'un s'enregistre sur le vol AH6003. Le deuxième passager, une femme, se voit rétorquer que sa place «a sauté» suite à une modification de sa réservation. «Une modification que vous avez réclamée», assure dans un premier temps Air Algérie. Esclandre à l'aéroport. La jeune femme soutient qu'elle n'a jamais demandé un quelconque changement. Après vérification, la compagnie aérienne change de version. Un certain Farid, salarié d'Air Algérie, a accédé au serveur à la mi-journée avec le code NCWWRS pour «retoucher» le dossier de la passagère. «On a eu une délégation du ministère des Transports qui s'est ajoutée sur le vol à la dernière minute, s'excuse en off un responsable. Vous savez, on reçoit des ordres de là-haut parfois…» Une pratique courante, si l'on en croit l'EGSA. «Il y a souvent des problèmes à l'aéroport d'Annaba», confirme une source. Un douanier va plus loin et parle de pots-de-vin au profit des salariés de la compagnie : «En été, je vois des coupures en euros circuler sous le manteau. Vous pouvez faire sauter la réservation de n'importe qui en y mettant le prix.» Air Algérie ne dément pas. «Je n'y suis pour rien. Voyez avec le chef d'escale», répond, gêné, l'un des agents commerciaux. Ou avec Mohamed Boultif ?