C'est devant un hémicycle vide – environ 70 présents sur les 556 élus – que les députés français ont débattu de l'opportunité de reconnaître ou pas l'Etat palestinien. Le vote aura lieu mardi prochain. C'est le Parti socialiste qui a déposé un projet de loi invitant le gouvernement français à reconnaître l'Etat palestinien, emboîtant le pas à la Suède, à l'Espagne et au Parlement britannique qui ont déjà dit «oui». Pour Bruno Le Roux, président du bloc parlementaire socialiste à l'Assemblée française, le but de cette démarche est «de permettre à deux Etats de vivre côte à côte et dans une paix durable». «En Israël et en Palestine, le chemin de la paix se rétrécit, tandis que le conflit prend une résonance internationale, a-t-il expliqué d'emblée. Tant d'espoirs déçus et tant de guerres. C'est pour cela que la résolution que nous proposons n'a pour but que de concourir à la paix internationale.» M. Le Roux a ensuite fait savoir que la représentation française demandera à son gouvernement de reconnaître l'Etat palestinien, tout en se demandant « pourquoi ce qui est possible en Suède, en Angleterre et en Espagne ne peut pas l'être en France». Donner la chance à un dernier sommet international En réalité, comme dans de nombreux autres sujets internationaux, la France a toujours traîné le pas par rapport aux pays nordiques et anglo-saxon. C'est pour cette raison que Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, s'est dit lui aussi favorable à la reconnaissance de l'Etat palestinien. «Mais avant, a-t-il averti, il faut d'abord donner la chance à un dernier sommet international avec la participation de tous les acteurs dans le dossier.» Et d'enchaîner : «Nous soutenons la négociation, mais nous refusons que celle-ci devienne le mode de gestion d'un statu quo injuste et intenable. La France est disponible à prendre l'initiative d'une conférence internationale en faveur de la paix au Proche-Orient. Mais si cette ultime tentative n'aboutissait pas, la France prendra ses responsabilités en reconnaissant l'Etat de Palestine. Nous y sommes prêts.» Mais ce n'est pas l'avis du député Meyer Habib, de l'Union démocratique et indépendante (UDI) de confession juive. Pour lui, la résolution va à l'encontre de la paix. Pis, elle risque même d'importer les conflits et les violences en France. « Israël se bat pour sa survie dans des conditions terribles. Il ne reçoit aucune main tendue. Seuls deux Etats arabes (Egypte et Jordanie) sur 52 ont reconnu l'Etat d'Israël. Dans les manuels scolaires palestiniens, il n'y a aucune référence à Israël», a-t-il dit, les larmes aux yeux. Ces propos ont été accueillis par des vociférations et des critiques, surtout lorsqu'il a exhorté les députés à ne pas voter la résolution reconnaissant l'Etat palestinien. Près de 135 pays ont reconnu l'Etat palestinien.