La proposition de résolution socialiste invitant le gouvernement français à reconnaître l'Etat de Palestine a été débattue hier par les députés. La résolution constate « l'échec des tentatives de relance du processus de paix » depuis 1991 entre Israéliens et Palestiniens et pointe « la poursuite illégale de la colonisation dans les territoires palestiniens ». Elle affirme « l'urgente nécessité d'aboutir à un règlement définitif du conflit » pour l'établissement d'un Etat palestinien aux côtés d'Israël, « sur la base des lignes de 1967, avec Jérusalem pour capitale de ces deux Etats ». Reflétant l'extrême sensibilité du sujet en ce pays qui abrite les communautés musulmane et juive les plus importantes en Europe, le Parlement français est divisé. Les élus de gauche, majoritaires, doivent se prononcer pour le texte. L'opposition de droite, sauf quelques députés, devrait en revanche voter contre, estimant que le Parlement n'a pas à empiéter sur le domaine réservé de l'Exécutif. Pour autant, l'adoption de la résolution ne signifie pas que la France s'apprête à franchir le pas et à reconnaître officiellement la Palestine. « Le gouvernement n'est pas lié », a rappelé la semaine dernière le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui répète régulièrement que la reconnaissance doit être « utile » à un règlement du conflit et pas simplement symbolique. Paris veut agir dans un cadre international concerté, soulignent les autorités françaises. Et notamment à l'ONU, où les Palestiniens ont annoncé leur intention de déposer une résolution réclamant la fin de l'occupation israélienne dans un délai limité. Lors du débat, hier, à l'Assemblée française, le chef de la diplomatie française a indiqué que Paris soutient un calendrier de deux années pour aboutir à un règlement définitif du conflit israélo-palestinien. « Parallèlement à ces négociations aux Nations unies, la France veut créer les conditions d'un effort collectif international en faveur de la paix », a ajouté Fabius, en relançant l'idée d'une conférence internationale sur le Proche-Orient. « Et si ces efforts échouent, si cette tentative ultime de solution négociée n'aboutit pas, alors il faudra que la France prenne ses responsabilités en reconnaissant sans délai l'Etat de Palestine, et nous y sommes prêts », a-t-il conclu.