Le Parlement français risque fort de voter mardi prochain une résolution demandant au gouvernement de reconnaître, symboliquement, l'Etat palestinien. Le débat était houleux hier au sein de l'Assemblée entre députés de gauche et ceux de droite, celle-ci (la droite) n'étant toutefois pas unanime autour du rejet de cette proposition, certain députés rejoignant les socialistes sur la nécessité du «oui». Le Sénat français emboitera le pas à l'Assemblée française le 11 décembre. Même si la reconnaissance par la France sera symbolique, cela ne manquera pas d'avoir des effets sur Israël qui bénéficie jusqu'à maintenant d'un appui fort de la part de l'Hexagone. Une des conséquences d'une éventuelle reconnaissance par la France d'un Etat palestinien serait qu'Israël serait obligé de changer sa politique vis-à-vis des Palestiniens, selon des observateurs. Israël est conscient qu'il est en train de perdre, même si cela reste encore minime pour le moment, en termes de soutien à sa politique expansionniste, un effet boule de neige risque d'être fatal à son gros appétit et de lui forcer la main afin qu'il accepte l'existence d'un Etat palestinien indépendant. Après que la Suède -premier pays membre de l'Union européenne à reconnaître l'Etat palestinien, en octobre dernier- ait sauté le pas, après le Parlement britannique qui en a fait de même au cours du même mois et qui a appelé le gouvernement du Royaume-Uni à reconnaître la Palestine, et après les députés espagnols qui ont adopté une motion appelant leur gouvernement à la reconnaissance de l'Etat palestinien, la France est appelée par ses députés (socialistes notamment mais aussi certains députés de droite) à reconnaître celui-ci (l'Etat palestinien). «Aujourd'hui, la France a rendez-vous avec son destin», a lancé ce vendredi, au sein du Parlement français un député de gauche (François Asensi), en présence du ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius qui a affirmé, selon le Monde d'hier, que «la France reconnaîtra l'Etat de Palestine» mais que «la question est quand et comment ?». Si la résolution est adoptée, la réponse est-elle dans cette question de Laurent Fabius ? Quand et comment ? «C'est un bon moment», selon un autre député (Axel Poniatowski) qui s'exprimait sur le vote pour la résolution en question, il l'est certainement pour la reconnaissance de la Palestine par la France. Il reste à savoir quelle sera la réponse d'Israël, «l'enfant gâté» de l'Occident, à l'initiative des députés français, dont l'ambassadeur en France joue sur les mots en voilant à peine le risque, pour les hommes politiques français, de perdre les voix de la communauté juive française. La raison voudrait que cet appel de l'ancien secrétaire d'Etat du Royaume-Uni au développement international, Alan Duncan, soit entendu par l'Occident. «Ça fait trop longtemps que la Palestine est occupée, que ses habitants vivent une vie misérable. Que les Israéliens continuent, petit à petit, à construire sur des terres qui ne leur appartiennent pas. Il est grand temps que le monde reconnaisse l'Etat palestinien comme l'ont déjà fait 134 pays auprès des Nations unies», a-t-il déclaré en réaction à la demande faite par les députés de son pays à leur gouvernement. Cent trente-cinq pays en comptant la Suède qui veut «montrer la voie». R. M.