Auteur dramatique, comédien affirmé, chanteur talentueux Mahieddine Bachtarzi apporta une contribution méritoire au développement et à la promotion de la culture algérienne. Sa longue carrière reste un exemple de fidélité et de dévouement au service de l'art. Le jeune Mahieddine débuta vers 1915 à la mosquée Djemaâ Djedid où il s'adonnait à des psalmodies coraniques. C'est un phénomène vocal. D'ailleurs, c'est en 1919 qu'il effectua l'enregistrement de ses premiers disques. Il excella dans le chant religieux, classique et profane. C'est déjà la preuve de ses capacités. Mahieddine Bachtarzi mit plusieurs cordes à son arc. Animateur de la troupe El Moutribia, organisateur de spectacles, prospecteur de talents, formateur de comédiens, directeur artistique de « la Voix de son maître », il déploya une activité digne d'éloges. Il enregistra plus de 400 mélodies classiques, religieuses. On n'hésita pas à le comparer au célèbre ténor napolitain Caruso. Mahieddine Bachtarzi, marqua également d'une empreinte presque indélébile le théâtre algérien qu'il popularisa. Le théâtre d'expression arabe a acquis ses lettres de noblesse avec ce travailleur infatigable. La mémoire conserve encore le succès de ce qu'on appelait les « tournées Mahieddine ». Le théâtre allait à la rencontre des populations sevrées de culture. Les pièces étaient adaptées du répertoire universel, notamment celles de Molière. Le public se divertissait, s'amusait mais l'occasion lui est offerte de prendre conscience de ses tares et défauts, de ses maux. Un éveil de la conscience s'opérait. Et c'est l'opportunité de rappeler que Bachtarzi révéla Rachid Ksentini, humoriste de talent, acerbe et populaire, sa gouaille, sa causticite, son ironie firent une forte impression auprès de nos compatriotes. Mahieddine Bachtarzi dirigea la troupe de l'opéra d'Alger. On lui doit plus de 100 œuvres dramatiques jouées sur scène ou à la radio. A l'indépendance, il prit la direction du Conservatoire d'Alger. Des jeunes sont formés, initiés. Rappelons pour l'histoire que Mahieddine Bachtarzi permit l'éclosion de nombreux comédiens tels Nouria, Keltoum, Latifa, Mustapha Kateb, Mustapha Kazdarli, Abdelhalim Raïs, Rouiched, Taha Elamiri, Habib Réda et tant d'autres. On connaît la carrière brillante de tous ces artistes. Ernest Renan avait raison de dire que « la grande force de nos jours, c'est la culture de l'esprit à tous les degrés ». Ce remarquable serviteur de la culture que fut Bachtarzi, ne faillira jamais à sa mission.