En marge d'une journée de formation sur le cancer du sein, initiée samedi dernier au profit des médecins généralistes et des paramédicaux de Biskra et Batna par l'association «El Fedjr» laquelle aide les personnes atteintes de cancer, le Dr El Hadj Mekrachi, chirurgien et président de la section régionale de la dite association, a souligné la nécessité d'élaborer un registre national des personnes touchées par cette maladie afin de parvenir à avoir des statistiques fiables et ainsi déterminer les régions à forte prévalence. «Le cancer du sein est la maladie la plus répandue chez les femmes de plus de 40 ans. On enregistre environ 10 000 nouveaux cas par an et Biskra n'en est pas épargnée. Si le tabac est une cause avérée de l'apparition de cancer des poumons ou du larynx, il n'en est pas de même pour le cancer du sein pour lequel on parlera plus de facteurs favorisant sa survenue que de causes. Liées à l'hérédité, à l'alimentation ou à d'autres facteurs, ses causes sont en effet encore mal cernées et seul un dépistage précoce peut en atténuer les effets néfastes sur l'individu et sur le tissu social dans son ensemble. Le coût des soins d'un cancer du sein, pouvant s'étaler sur 5 ans voire plus, varie de 10 à 20 millions de Da par malades. Nous exhortons toutes les femmes de plus de 40 ans à se soumettre à une mammographie annuelle, à pratiquer quotidiennement une autopalpation des seins et à s'adresser à un médecin dés l'apparition d'une tumeur, d'une rougeur, d'un point noir ou de toutes autres anomalie sur l'un des organes.», a expliqué notre interlocuteur dont l'association apporte, depuis plus de 20 ans, soutien financier et réconfort moral aux cancéreux et milite depuis des années pour l'ouverture de centres d'oncologie dans les régions de l'Algérie profonde. Affichant sa volonté de s'attaquer aux tabous encore prégnants dans certaines régions du pays du fait que cette maladie altère un symbole de la féminité et touche à l'intimité des couples, le Dr Mekrachi rétorque qu' «il n'y a aucune raison d'avoir honte d'une maladie qui n'a pas honte elle-même de toucher à un organe sacrée de la femme.» Il prône de faire de la prochaine année, une année dédiée à la lutte contre le cancer du sein avec la mobilisation des pouvoirs publics en charge de la santé, les médecins et les autorités locales ainsi que l'implication des imams, de toutes les associations activant dans le domaine de la santé et des organisations féminines. L'objectif sera d'inciter toutes les femmes quarantenaires à se soumettre à un test de dépistage de cette pathologie afin d'en atténuer les effets et d'augmenter significativement leurs chances de guérison. Les femmes ont besoin en premier lieu de prise en charge thérapeutique mais aussi d'un véritable soutien psychologique «faisant malheureusement défaut dans bien des cas», déplore notre interlocuteur. A noter que l'association El Fedjr met à la disposition des praticiens de la santé une cyberlibrairie renfermant une précieuse documentation en langue française et anglaise sur les modes de détection et de traitement du cancer du sein.