Initiée par l'association d'aide aux cancéreux El Amel, la campagne de prévention sur le cancer du sein a drainé plus de 5000 femmes dans 22 wilayas. Cette campagne qui a été encadrée par des oncologues du Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de lutte contre le cancer vise à sensibiliser les citoyennes sur l'importance du dépistage précoce du cancer du sein à travers des examens médicaux (mammographie) et l'autopalpation des zones à risques. Le cancer du sein est le cancer le plus diagnostiqué et le plus fréquent chez la femme, avant le cancer du col de l'utérus, de l'utérus et de l'ovaire autant avant qu'après la ménopause. Selon les données du CPMC, une femme sur neuf développer actuellement un cancer au cours de sa vie et une femme sur 27 en meurt à travers le monde. En Algérie, 7 à 8000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année et le cancer du sein représente 37% des cancers chez la femme. Les hommes peuvent aussi être concernés par cette maladie et 1% des hommes peuvent être atteints d'un cancer du sein après la soixantaine. Le professeur Mohamed Arezki Habel, gynécologue et obstétricien à Alger, indique que «le cancer du sein est le plus virulent des cancers, mais également le plus facile à diagnostiquer si les femmes s'en donnaient la peine». Effectivement, le sein est un organe accessible à la consultation et à l'autopalpation et la femme peut facilement faire une suspicion de cancer (petite boule, sécrétion…).Vu l'ampleur de cette maladie et son coût social et économique, l'Etat a décidé de financer cette campagne de sensibilisation. Ainsi, toutes les femmes âgées de plus de 40 ans (les plus à risques) bénéficient des mammographies et des échographies gratuitement au niveau des CHU concernés. Il est à préciser que le médecin peut demander à une patiente qu'il soupçonne de développer un cancer à n'importe quel âge et ce, en fonction des terrains héréditaires. Le Pr Habel explique que le fait d'avoir une mère, une sœur ou une fille atteinte d'un cancer du sein ou des ovaires augmente le risque d'être atteint du cancer du sein. Chez cette catégorie à risque, la mammographie est conseillée dès l'âge de 18 ans à une fréquence plus soutenue que les femmes de plus de 40 ans. Causes et symptômes Il existe plusieurs facteurs de risque du cancer du sein. Cependant, dans la plupart des cas, il est impossible d'expliquer les raisons de son apparition chez une personne en particulier. Un certain nombre d'éléments non modifiables font augmenter le risque d'être atteint d'un cancer du sein. «Ces éléments de risque permettent aux médecins de déterminer quelles personnes pourraient bénéficier le plus du dépistage et des mesures préventives», selon le Pr Habel. On notera dans cette frange populaire à risque que l'âge est un facteur important, car les femmes les plus touchées par la pathologie ont plus de 50 ans. Les antécédents familiaux (hérédité) et personnels (le fait d'avoir déjà eu un cancer du sein) sont aussi incriminés dans la genèse de ce type de cancer. Sans oublier bien sûr la nulliparité (cas de femmes n'ayant pas eu d'enfant) ou grossesse tardive, car le fait de ne pas avoir eu d'enfant ou d'avoir donné naissance seulement après l'âge de 35 ans augmente les chances d'avoir un cancer. Pour ce qui est des symptômes de la pathologie, une bosse au sein (mobile ou fixe), des secrétions mammaires et le changement d'apparence et de grosseur peuvent souvent être révélateurs d'un cancer du sein. Il est aussi important de souligner que certains facteurs à risque peuvent être à l'origine d'un cancer, tels que le surpoids et l'obésité, la sédentarité, la consommation d'alcool et la prise d'hormones (pilule contraceptive et hormone substitutive à la ménopause). Mesure de dépistage et traitement La prévention et le dépistage précoce visent à détecter le plus tôt possible des anomalies au niveau du sein susceptibles d'être à l'origine d'une tumeur et d'entamer dans les plus brefs délais une thérapie pour éliminer les cellules cancéreuses. «Quand un cancer du sein est découvert très tôt, la guérison est de 100%, cependant la guérison est aléatoire lorsqu'il y a des métastases et que le cancer s'est propagé à d'autres organes», déclare le professeur. Les mesures de dépistage s'articulent autour de l'observation des anomalies mammaires, des examens cliniques des seins par un professionnel de la santé. S'agissant du dépistage par la mammographie, il est préconisé de le faire à raison de deux fois par an pour les femmes de plus de 50 ans, qui est quelquefois appuyé par une mammographie (pour les femmes dont les seins sont très denses). Concernant les traitements, ils varient selon les cas et l'évolution de la maladie. «La chirurgie est souvent le premier traitement entrepris et elle sert à enlever la tumeur cancéreuse», note le professeur. En outre, lorsque le cancer est à un stade plus avancé, le cancérologue a souvent recours à l'ablation du sein. La chirurgie est souvent suivie de radiothérapie et de chimiothérapie pour détruire les cellules cancéreuses qui ont échappé à la chirurgie. Enfin, les bonnes habitudes de vie, à savoir l'exercice physique et une saine alimentation contribuent à réduire le risque de plusieurs types de cancer.