L'Organisation des pays exportateurs de pétrole avait décidé, jeudi, de maintenir sa production à 30 millions de barils/jour, provoquant une nouvelle chute des prix du brut au-dessous du seuil psychologique de 70 dollars le baril. La décision des douze pays de l'OPEP porte un coup dur aux économies des pays exportateurs de pétrole, incapables de financer leur politique sociale. Vendredi dernier, le président vénézuélien, Nicolàs Maduro, a ordonné des coupes budgétaires après la décision de l' OPEP. Nicolàs Maduro a également demandé de procéder à un examen des traitements et salaires de tous les employés des ministères, des entreprises publiques, à commencer par le Président. Celui-ci a ajouté qu'il en attendait une proposition de réduction substantielle des salaires et traitements de la haute direction, des ministres et ministres délégués, des présidents et vice-présidents des entreprises d'Etat. Fortement dépendant de ses revenus pétroliers qui représentent 96% de ses recettes en devises, le Venezuela abrite les plus importantes réserves de brut au monde. Ce pays d'Amérique latine dont les finances sont exsangues et qui souffre particulièrement de l'effondrement des cours, menait une compagne en faveur de la réduction des quotas de production. Peine perdue. M. Maduro a affirmé que le Venezuela considérait de manière ferme qu'un prix juste du pétrole sur le marché mondial ne devait pas passer en dessous de la barre des 100 dollars le baril. La Russie, qui produit 10,5 millions de barils/jour, soit 11% de l'offre mondiale et dont le budget dépend pour plus de la moitié des recettes des hydrocarbures, fait partie des victimes collatérales. Déjà frappée par une série de sanctions occidentales sans précédent en raison de ses interventions armées en Ukraine, la Russie a perdu 90 milliards à 100 milliards de dollars par an à cause de la baisse de 30% du cours du pétrole depuis l'été, selon des chiffres officiels. Réagissant à la décision de l'OPEP, le vice-Premier ministre russe, Igor Chouvalov, a souligné, samedi, que la décision de Moscou de ne pas réduire la production de pétrole répond aux intérêts des compagnies pétrolières russes et du budget national du pays. «Cette décision n'est pas inattendue. Depuis plusieurs mois, nous suivons attentivement l'évolution des cours du brut», a déclaré Chouvalov dans une interview à la télévision russe. Après avoir étudié différents scénarios de comportement face à la baisse des prix, les experts russes ont conclu, d'après lui, que «la Russie n'avait aucun intérêt à réduire sa production de pétrole». Le président russe, Vladimir Poutine, s'est dit, quant lui, convaincu qu'«au premier trimestre, au milieu de l'an prochain, le marché (du pétrole) trouvera son équilibre». Déjà touché par les sanctions internationales liées à son programme nucléaire controversé, l'Iran fait partie également des grands perdants suite à la décision de l'OPEP. La baisse des prix du pétrole affectera le prochain budget de l'Etat avec un déficit des recettes pétrolières de l'ordre de 8 à 10%, a expliqué Gholamreza Tajgardoun, président de la commission parlementaire du plan et du budget. Le gouvernement iranien a déjà préparé un budget avec un prix du pétrole entre 70 et 80 dollars pour la prochaine année fiscale (mars 2015-mars 2016) contre 100 dollars pour celle en cours, a en croire des parlementaires iraniens.