La nouvelle immixtion du vice-ministre de la Défense nationale et chef d'état-major de l'ANP, Gaïd Salah, dans la sphère politique n'est pas passée inaperçue. Repris par le quotidien El Khabar dans son édition du 30 novembre dernier, sans qu'il y ait de démenti du MDN, les propos de Gaïd Salah, dans lesquels il s'est exprimé sur des questions politiques, suscitent une première réaction d'un parti d'opposition. Il s'agit du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) qui signale un hors-jeu flagrant de ce responsable militaire, dont l'institution qu'il représente se dit toujours «neutre». «Dans sa livraison du 30 novembre, le quotidien El Khabar s'est fait l'écho de propos tenus à l'Ecole des cadets de Béchar par le vice-ministre de la Défense nationale qui, s'ils s'avéraient effectifs, ne manqueraient pas d'interpeller la classe politique et le citoyen en général», précise le RCD dans un communiqué rendu public hier. Le parti de Mohcine Belabbas souligne d'abord les contradictions entre le discours et les faits du premier responsable de l'armée qui «sort, pour la énième fois, de sa réserve pour formuler des orientations sur ce que doit être la parole et l'action politiques». «Pourtant, ce responsable, ou ceux qui s'expriment au nom de l'armée, tiennent à rappeler régulièrement que cette dernière est une institution républicaine qui s'interdit toute immixtion dans le champ politique national. Les Algériens se rappellent de la vive réaction opposée au défunt Mohamed Mechati, quand ce militant de la première heure avait invité l'institution militaire à prendre ses responsabilités face aux dépassements d'un chef de l'Etat dont il estimait qu'elle était à l'origine de son rappel et de son maintien au pouvoir», explique-t-on dans le même communiqué. Avec «ses mises en garde» à l'égard notamment de l'opposition, Gaïd Salah, estime le RCD, «franchit un seuil politique qui ne facilitera pas une décantation plus que jamais nécessaire». «En assurant que ‘‘l'élection ont été transparentes mais (que) certains mettent en doute leur crédibilité et tentent de mobiliser la rue'', le chef d'état-major exprime une volonté qui tendrait à interdire aux Algériens toute expression critique sur les fraudes électorales commises au nom du peuple», déplore le RCD. Les allusions suggérant que les contacts de l'opposition avec les instances internationales sont des menaces potentielles pour la nation, ajoute la même source, et«peuvent être entendues comme un désaveu de la neutralité politique affichée par l'armée». «En effet, on ne croit pas savoir que l'ANP ait, à un moment ou un autre, relevé, déploré et encore moins stigmatisé les partis du pouvoir quand ils reçoivent ou rendent visite à des institutions étrangères», précise ce parti. Cette partialité, dénonce encore le RCD, ne contribue pas à la nécessaire clarification des missions et des rôles de chacun dans une période où la transparence et la sérénité s'imposent à tous. «Le RCD, soucieux d'assurer au pays une évolution aussi apaisée que possible, œuvre à rendre visibles les positions de chaque catégorie de la nation au moment où les tensions géopolitiques régionales peuvent aspirer notre potentiel de défense dans des conflits inextricables et où les contractions des ressources nationales, avec les désordres sociaux qu'elles engendrent, invitent à l'écoute et la lucidité. Il y va de la cohésion de l'armée et de l'avenir du pays», souligne-t-on dans le même document.