Le RCD invite à méditer le bilan sans appel "d'une indépendance confisquée par un coup d'Etat militaire commis au lendemain de la guerre". Y aurait-il risque de voir une irruption du militaire dans le jeu politique ? Le RCD semble en nourrir une sérieuse crainte. "Depuis plusieurs semaines, des informations insistantes, recoupées par des interventions des personnages se revendiquant de cautions de cercles militaires, demandent, voire annoncent des initiatives de reprise en main du pouvoir politique par l'Armée", a relevé le parti de Mohcine Belabbas, dans un communiqué rendu public hier. "Il semble même que des candidatures ne soient restées en lice que pour servir d'alibi à cette intervention", a-t-il ajouté. Le RCD explique sa préoccupation par les mises en grade du président Bouteflika et surtout par les appels pressants du chef d'état-major et vice-ministre de la Défense, Gaïd-Salah, à ses troupes, leur recommandant "vigilance" et "discipline". "Les mises en garde que vient d'adresser le chef de l'Etat (...) dévoilent les tensions latentes qui traversent l'Armée et qui placent l'Algérie dans une situation qui interpelle tout patriote soucieux de la stabilité du pays", estime le RCD qui invite à méditer le bilan sans appel "d'une indépendance confisquée par un coup d'Etat militaire commis au lendemain de la guerre". Autre exemple cité par le RCD pour démontrer l'inanité d'une incursion du militaire dans le politique : l'épisode de l'arrêt du processus électoral en 1992. "Il y a bientôt un quart de siècle, des militaires algériens ont dû pallier, dans l'urgence, l'isolement diplomatique et la violence, à l'instabilité d'une classe politique balbutiante. Faute d'avoir pu produire un projet politique ambitieux et pertinent, leur engagement a tourné court avec le coût humain, psychologique, culturel, social et économique que l'on sait." Conclusion du RCD : "La pire des éventualités pour le pays et l'Armée elle-même serait de voir cette dernière aspirée dans des aventures auxquelles elle ne peut ni ne doit faire face." Définitivement convaincu qu'aucune solution ne viendra du système en place, le parti de Mohcine Belabbas n'a pas manqué de pointer le "déphasage" des initiatives lancées ces derniers temps par des "responsables enfermés dans leurs souvenirs" et qui démontrent que "l'ancien personnel n'a pas seulement échoué, mais qu'il est politiquement dépassé". Fort de sa conviction que le salut de l'Algérie est "dans la rénovation nationale qui doit tout inventer et tout oser", le RCD invite l'Armée algérienne à "s'inventer et assumer sa nouvelle mission". "Comme la classe politique, en voie de renouvellement, ses membres les plus avisés sont appelés à faire à leur institution une difficile mais salutaire mutation. C'est son ultime tâche historique. Il y va de la stabilité et de la sécurité de la nation", explique-t-il. Globalement, le RCD estime qu'on ne peut, en aucun cas, faire l'économie d'une période de transition à même de remettre le pays sur les rails. "La solution au drame algérien est encore possible. Elle n'est ni facile ni évidente, et chaque jour qui passe en rend la réalisation plus aléatoire. Cette solution appelle audace, lucidité, courage et intelligence", explique-t-il, avant d'ajouter : "Inconnue et inconcevable dans un système autiste, la transition démocratique avec la définition de ses conditions, ses mécanismes, ses acteurs et ses objectifs est pourtant la seule issue au désastre politique que tout le monde déplore." Pour le RCD, la solution est donc une transition démocratique qui, précise-t-il, doit être concrétisée par les nouvelles générations. Quid de la présidentielle du 17 avril prochain ? La conviction du RCD est que la prochaine élection est "aussi inopportune que dangereuse". Raison pour laquelle il avait opté dès le départ, avec d'autres forces politiques, pour un boycott massif du scrutin du 17 avril. "Plus le citoyen déserte l'urne, plus le pouvoir qui en sera issu sera condamné à se soumettre à l'exigence d'un nouveau modèle d'organisation démocratique de la nation", estime-t-il. Aux yeux du RCD, "la seule guerre qui vaille d'être menée est celle qui installe le citoyen au cœur des arbitrages du devenir national". A. C. Nom Adresse email