Transformée en lotissement dans les années 1990, elle fut d'abord confrontée au problème des eaux souterraines et de la fragilité du sol. De toutes ces agglomérations que l'on qualifie, à tort, de quartier résidentiel, celle de Baoulou est l'exemple type de ces cités, nées dans l'anarchie et régie, ensuite, par le «fait-accompli». L'appellation qui tire son origine du prénom d'un fermier de l'époque coloniale : Paulo, concerne, aussi, des extensions urbaines de plusieurs autres parties de cette cité tentaculaire, bâtie sur des hectares de vergers et de terres agricoles. Transformée en lotissement dans les années 1990, elle fut d'abord confrontée au problème des eaux souterraines et de la fragilité du sol. «Deux vérités qu'on saura taire grâce à des attributions de complaisance et la forte demande enregistrée au niveau de l'APC de l'époque», nous confie un ancien technicien de l'agence foncière locale. Deux décennies et des centaines de bâtisses construites en surnombre n'auront pas suffi pour masquer l'érosion du sol et les affaissements dans plusieurs endroits. L'entrée de la cité en venant de la cité Chaâbani, ne reflète guère le statut de ses habitants, majoritairement aisée ou appartenant à la classe moyenne. Des fuites d'eau à haut débit meublent le décor et contribuent à l'insalubrité des lieux, des façades des immeubles semi-construits aux couleurs fades, des rues sans âme qui évoluent sur un terrain marécageux... «J'ai été cambriolé à trois reprises sans jamais en connaitre les auteurs», a déclaré un fonctionnaire, locataire dans ce quartier où les vols par effraction sont légion. Aucun espace vert n'y est perceptible, la viabilisation laisse à désirer et les routes si elles ne sont pas fractionnées à cause de la qualité douteuse du bitume, sont d'une étroitesse contraignante pour les automobilistes. «Tous les espaces de servitude, les trottoirs et les chaussées ont été squattés par les constructeurs, la suite vous la constatez vous-mêmes», a avoué un habitant de la cité. «Lors d'une intervention des services de la protection civile, ces derniers ont du arrêter leurs véhicules à environ 200 mètres du lieu de la maison ciblée. En cas de sinistre collectif, l'opération sera plus compliquée à cause de ces chemins escarpés et les extensions anarchiques» témoignent d'autres riverains. Des bidonvilles sur des terrains publics on en compte des dizaines et c'est la loi 15/08 brandie encore une fois pour une régularisation tous azimuts des constructeurs de baraques où les dates sont estampillées au gré des demandeurs. De visu, l'électricité et l'eau y sont piratées par des constructeurs illicites mais aussi par des nantis. Des arbres séculaires ont été abattus pour laisser émerger une cité, dépourvue de sécurité, de structures de détente ou de loisirs, brèf ... Pas de vie.