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«On appelle les sociologues une fois que les dégâts sont faits»
Madani Safar Zeitoun. Chercheur en sciences sociales
Publié dans El Watan le 13 - 12 - 2014

Intervenant dans le dernier panel de ce forum, le sociologue Madani Safar Zeitoun a axé sa communication sur la notion de «Maîtrise d'ouvrage social». Un concept qui fait référence à l'apport des sciences sociales dans l'accompagnement de la mise en œuvre des politiques urbaines. Le brillant sociologue n'a pas mâché ses mots pour dénoncer le peu de considération accordé aux chercheurs en sciences sociales dans les plans d'aménagement urbain.
Le professeur Zeitoun a cité, à ce propos, l'exemple des opérations de relogement menées «manu militari» et qu'il assimile à une forme de «déportation» vu leur caractère massif et parfois violent. Et alors qu'il a beaucoup été question dans ce colloque de «concertation», de «consultation» et de «participation», le sociologue note que ces mots «n'ont pas été de mise que ce soit avant, pendant ou après les opérations de relogement». Or, les réponses se trouvent peut-être du côté des sciences sociales, ces «sciences curieuses qui ont cherché à analyser la manière dont ces populations sont traitées ou maltraitées lors de ces opérations de relogement».
Pour le conférencier, il s'agit là d'opérations «monolithiques» où l'«on déporte les gens pour les caser dans de grands ensembles. Ce sont des opérations très lourdes, très onéreuses, qui sont coûteuses pour l'Etat car ils ne payent pas leurs loyers. Le taux d'évasion locative dans le logement social est une constante nationale.
Depuis 1962, 30% seulement des locataires de biens publics paient leur loyer, le reste ne paient ni le loyer ni leurs taxes.». M. Safar Zeitoun regrette, ainsi, la marginalisation de ses pairs dans la prise en charge de ces questions cruciales. «Les sociologues ne sont sollicités qu'à la fin. On les appelle après coup, une fois que les choses sont bouclées, que les dégâts sont faits. Alors, à ce moment-là, on vient, on tape à la porte, Monsieur le sociologue qu'est-ce qui se passe ?
Pourquoi il y a des bagarres ? Pourquoi il y a des gangs dans les quartiers ? Pourquoi il y a dégradation de l'habitat ? Donnez-nous des explications.» Et de rétorquer : «Les sociologues, il faut peut-être les appeler avant» en exhortant les pouvoirs publics à «créer les conditions pour qu'ils puissent faire leur travail». Pour lui, «la façon d'interpeller le sociologue doit être codifiée et formalisée».
Le professeur Safar Zeitoun ajoute qu'il faut trouver les protocoles qui permettent aux «autres professionnels de décoder ce que disent les sociologues et de traiter l'information qu'ils donnent». «La spatialisation des rapports sociaux faite par les architectes ne va pas très loin», observe-t-il, estimant que celle-ci repose sur «une construction très formatée, préfabriquée».
Il préconise de tenir compte des «usagers de l'espace» qui représentent des groupes, des communautés différentes, et obéissent à des «processus de communautarisation» qui travaillent la population. «La matière sociale est quelque chose qui change», relève-t-il.
M. Safar Zeitoun a fait remarquer, par ailleurs, que dans le contexte actuel, «l'Etat est concepteur, producteur et distributeur» de logements. «Il est assis sur un matelas d'argent qui lui permet de faire des dégâts sociaux parce qu'il y a de l'argent pour compenser.» «Maintenant que les dégâts sont faits, que la société bouge, qu'elle bouillonne et n'accepte pas d'être ‘mal traitée' et maltraitée, ces dégâts vont peut-être conduire nos planificateurs, nos concepteurs, nos aménagistes qui ont de beaux schémas, qui ont de beaux logiciels qui leur permettent de faire de belles présentations, ces gens-là vont peut-être daigner nous écouter.»
Et de lancer ce cri du cœur : «Messieurs, sachez que l'aménagement ne peut pas se faire sans les hommes qui le vivent, sans consultation, dont nous, les sociologues, je ne dirais pas sommes les représentants, mais les gens qui peuvent décoder de manière positive, pragmatique, les messages de cette société.»


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