Américains et Irakiens relancent avec des renforts conséquents le plan de sécurité pour Baghdad, en proie à des violences confessionnelles sans précédent, marquant l'échec d'une première tentative, tandis qu'un hélicoptère américain s'est écrasé dans l'ouest du pays. Un hélicoptère Blackhawk de la Force multinationale s'est écrasé hier dans la province d'Al Anbar, dans l'ouest de l'Irak, faisant quatre blessés et deux disparus. La province d'Al Anbar, à l'ouest de Baghdad, où se situent les villes de Falloujah et de Ramadi, constitue le foyer de l'insurrection « rebelle » sunnite. A Baghdad, près de deux mois après le lancement à grands renforts de publicité par le Premier ministre Nouri Al Maliki de l'opération « En avant ensemble », destinée à enrayer les violences dans la capitale, l'armée américaine a annoncé hier le début de la « phase 2 » de ce plan de sécurité. « L'opération combine les efforts de la police et de l'armée irakiennes et de la division multinationale pour réduire le niveau des meurtres, enlèvements, attentats terroristes et violences confessionnelles à Baghdad et pour renforcer le contrôle du gouvernement irakien sur la ville », a expliqué l'armée. En dépit des « succès » qu'elle évoque, dont la mort ou l'arrestation de 411 « assassins », l'opération s'est jusqu'à présent révélée impuissante à ramener la sécurité à Baghdad, où des milliers de personnes ont été tuées dans des violences confessionnelles depuis le début de l'année. Soixante-dix attaques quotidiennes sont recensées à Baghdad, amenant de hauts responsables américains à évoquer ouvertement un risque de guerre civile dans le pays. Mardi matin, la capitale irakienne a été frappée par une vague de violences qui a fait 24 morts. Pour faire face à la menace de la guerre civile et à la violence, Américains et Irakiens ont décidé de renforcer les quelque 50 000 hommes, dont plus de 7000 GI's, déjà en poste à Baghdad. « Près de 6000 soldats et policiers irakiens supplémentaires sont en train d'être déployés dans la région de Baghdad, ainsi que 3500 soldats américains de la 172e brigade d'infanterie Stryker. Deux mille hommes de la 2e brigade de combat de la 1re division blindée qui étaient placés en réserve stratégique, vont aussi être envoyés à Baghdad », a indiqué l'armée américaine. « Nous allons nous concentrer sur les zones frontières entre les différents groupes. Nous allons nettoyer ces zones, y établir des postes de sécurité irakiens, apporter un soutien économique et travailler avec les responsables locaux afin qu'ils aient confiance dans les forces de sécurité », a détaillé le général George Casey, commandant en chef des forces américaines en Irak, dans un entretien sur la chaîne de télévision américaine ABC. « Nous allons ensuite progressivement étendre ces zones dans toute la ville », a-t-il ajouté. Mais les violences confessionnelles ne sont pas limitées à Baghdad : quatre personnes, dont deux femmes et une petite fille, ont été tuées mardi soir dans l'explosion d'un obus de mortier visant une mosquée chiite de Baaqouba, au nord de Baghdad. Capitale de la province de Diyala, située à 60 km au nord de Baghdad, Baaqouba est le théâtre de nombreuses attaques sanglantes visant les forces de sécurité et les civils irakiens. Un colonel de l'armée irakienne a également été assassiné hier par des hommes armés dans la ville de Bassorah, à 550 km au sud de Baghdad. Par ailleurs, le président irakien Jalal Talabani a loué mercredi l'installation d'une mission permanente de la Commission européenne à Baghdad et demandé aux Européens de s'impliquer davantage pour amener « sécurité et stabilité à l'Irak », a indiqué la présidence dans un communiqué. Le président Talabani, qui a reçu hier les lettres de créance du chef de délégation, le Finlandais Ilka Uusitalo, s'est félicité de la présence européenne et appelé l'Union européenne à faire « plus d'efforts pour amener la sécurité et la stabilité à l'Irak ». Le président a également remercié l'UE pour son aide financière, « les sommes allouées à des projets économiques destinés à atteindre la prospérité » ainsi que le soutien aux Organisations non gouvernementales (ONG) en Irak. Selon le communiqué, Ilka Uusitalo a affirmé la volonté de l'UE « d'aider le gouvernement irakien afin de soutenir la démocratie dans le pays ». Avant l'arrivée de M. Uusitalo, nommé mi-juillet, l'exécutif européen n'avait qu'une chargée d'affaires dans le pays.