La culture est dans un état léthargique dans la wilaya d'Oum El Bouaghi. Les activités culturelles se sont raréfiées au point que le citoyen lambda considère que le domaine culturel est relégué au second plan. Qu'en est-il au juste quand on évoque le sujet ? Point n'est besoin ici d'incriminer qui que ce soit dans ce que vit et subit la région en l'absence d'activités contribuant à promouvoir et encourager les jeunes talents, en même temps qu'elles distraient les différentes couches sociales. Les infrastructures culturelles font-elles défaut dans les localités de la région ? Que nenni! Il existe un nombre important de lieux de culture, autant de sanctuaires dirons nous, dédiés au service de la culture et qui demeurent hélas inexploitées. De Aïn M'Lila, à Meskiana, en passant par Aïn Kercha, Aïn Fakroun, Oum El Bouaghi et Aïn Beida, il est loisible de remarquer la présence d'un ou de plusieurs édifices voués aux activités culturelles et artistiques. De loin en loin, cependant, la direction de la culture organise des salons de peinture ou des représentations théâtrales. La ministre de la culture Nadia Labidi a déploré dernièrement au cours d'une rencontre avec les gens de la culture que l'on ne s'investisse pas assez dans le domaine pour l'émergence de talents considérant que nos espaces culturels sont des corps sans âme. Et c'est vrai, d'autant que les bibliothèques, les salles multifonctionnelles, les maisons de jeunes gardent leurs portes fermées ou ne profitent pas aux jeunes férus de musique, de théâtre, de cinéma et que sait-on encore... Là où le bât blesse, il faut en convenir, c'est que ces centres culturels ou d'autres espaces artistiques ne disposent pas de cadres formateurs pour une prise en charge réelle et adéquate des talents en herbe. Les exemples ne manquent pas. Aïn M'Lila est l'une des importantes villes de la wilaya, comptant un peu plus de 100.000 habitants. Elle ne connait que de rares activités culturelles, souvent organisées à l'occasion des fêtes nationales. Seule Oum El Bouaghi, en raison de son statut de wilaya, connait une activité pour le moins acceptable. Encore faut-il relever que les artistes qui s'y produisent sont les hôtes d'autres wilayas. Le théâtre régional, implanté à Aïn Beida, a certes produit nombre de pièces, mais n'arrive pas à s'épanouir pour affermir sa présence et au niveau régional et national. Pour l'heure, il n'y aura pas «du théâtre pour ce soir». Comment redynamiser le secteur ? Les intellectuels d'Aïn Beida après tant d'années de disette, se sont résignés, ne voyant rien venir. Aïn Kercha, Aïn Fakroun, Sigus et Meskiana disposent toutes de centres culturels et de bibliothèques municipales, mais souffrent comme leurs «congénères» d'un manque latent de culture. Chose sur laquelle un citoyen ironise ainsi : «Culture ? De quelle culture parlez-vous ? De pomme de terre ou de carotte ?» Il y a quelques années, la direction de la culture d'Oum El Bouaghi a recensé les gens de culture, artistes, poètes et chanteurs, de toute la région à l'effet de redynamiser le secteur et d'insuffler une vie aux nombreux talents qui rongent leur frein faute de moyens d'expression. Echec ? Possible, puisque l'initiateur de cette idée est parti et avec lui son projet. Au demeurant, que fait l'école pour propager la culture et aider à l'émergence de talentueux artistes, écrivains et peintres ? Quand un parent d'élève se plaint que son rejeton ne sait même pas déchiffrer un texte, après six années d'étude, il y a de quoi s'inquiéter, voire de désespérer de ce que sera la culture dans dix ou vingt ans. L'institution scolaire est par essence la pépinière qui donne vie à d'innombrables hommes cultivés et prompts à faire rayonner les Arts et les Belles Lettres au sein de la société où ils évoluent tous les jours. Le vide culturel, comme chacun sait, nourrit toutes les délinquances, de la petite à la grande. Est-il opportun de rappeler ce que fait l'oisiveté de l'individu ?