Les centres culturels des principales villes de la wilaya hibernent à longueur d'année. Il faut l'avouer tout de suite: le champ culturel dans la wilaya d'Oum El Bouaghi s'est rétréci comme une peau de chagrin. Les hommes de culture ne courent plus les rues: ils ne s'impliquent plus dans ce qu'ils sont censés investir et faire prospérer comme par le passé, en produisant pièces de théâtre, poésie, musique et peinture. Le peu qui en reste s'est calfeutré dans un imperturbable silence. Les centres culturels comme ceux de Aïn Beïda, Meskiana, Aïn Kercha, pour ne citer que ces trois-là, subissent une effroyable morbidité, faute d'activités artistiques de bonne facture. Le chef-lieu de wilaya ne respire que par l'apport des autres régions, lors des manifestations et échanges culturels. Mais ce ne sont là que des échanges épisodiques; sans réel impact sur la vie culturelle de toute la région. Aïn M'Lila en tant que deuxième ville de la wilaya vit loin de toute activité artistique et culturelle, bien qu'elle dispose d'un palais culturel qui pourrait participer à l'épanouissement des jeunes. Si ces derniers étaient mis à contribution, ils participeraient à l'émergence des jeunes talents que recèle la ville. Poètes, peintres, musiciens y trouveraient un lieu rassembleur qui ferait éclore des talents innombrables. A l'autre bout de la wilaya, Meskiana attend impatiemment l'inauguration du nouveau centre culturel. Meskiana, la ville de Yamina Mechakra et Abdellah Cheriet, compte une pléthore de jeunes artistes qui ne demandent qu'à faire étalage de leur talent, pour peu qu'on leur fasse confiance. Aïn Beïda manque affreusement de moyens en matière de culture. La preuve, le centre culturel, inauguré en 2007 est dans un état de léthargie. «On ne sait pas à qui appartient le centre. Relève-t-il du ministère de la Culture ou de la commune ? Parce que jusqu'à aujourd'hui, ledit centre n'a pas de statut et par conséquent ne dispose pas d'un budget de fonctionnement», nous dit un jeune artiste peintre. L'autre point noir dans cette ville qui a vu naître Mohamed-Laïd Al Khalifa, Rachid Koreïchi et Rachid Boudjedra et tant d'autres figures littéraires et artistiques, a trait à la fermeture de la salle An Nasr et au retard de l'inauguration du théâtre régional et du musée municipal. Il y a trois ans de cela, la mairie d'Aïn Beïda s'est dessaisie de la salle de cinéma An Nasr au profit du ministère de la Culture qui a alloué pour sa réhabilitation la somme de 7 milliards de centimes. Mais rien n'est venu. La salle est demeurée hermétiquement close, au grand dam des cinéphiles. Quant au théâtre régional, c'est une autre histoire. Son inauguration est tributaire de l'accord d'un commerçant qui ne tolère pas que les canalisations des vestiaires passent près de son mur. Cependant, les jeunes amoureux des arts et du 4ème art ne désespèrent pas et se rassemblent dans les maisons de jeunes pour produire et créer. Jusqu'à ce que le gel disparaisse complètement !