Deux gardiens de la maison d'arrêt de Sidi Bel Abbès ont été mis sous mandat de dépôt et un autre placé sous contrôle judiciaire, avant-hier en début de soirée, par la juge d'instruction du tribunal de la même ville. Selon une source proche du parquet, les trois gardiens ont été inculpés d'incitation à la rébellion après avoir été auditionnés des heures durant par la juge d'instruction. C'est suite à une plainte déposée par le directeur de l'établissement à leur encontre que les deux gardiens ont été déférés devant le parquet, confie-t-on. Des détenus auraient apporté leurs témoignages sur le « rôle » des gardiens mis en cause dans la tentative de mutinerie, indique notre source. Rappelons que quatre gardiens ont été suspendus, la semaine dernière, par l'administration pénitentiaire, quelques jours seulement après la tentative de mutinerie qui s'est produite le 18 juillet dernier dans l'un des compartiments de la maison d'arrêt, jouxtant la cour de justice, située en plein centre- ville. Un autre gardien de prison a été muté par mesure disciplinaire à El Bayadh. Sollicité pour de plus amples informations, le procureur général adjoint, M. Bellouali, a affirmé ne pas être au courant de ce qui se passe à la maison d'arrêt qui, pourtant, se trouve à quelques mètres seulement de son bureau. « Je ne peux rien vous dire concernant cette affaire, car je viens de rentrer de vacances », nous a-t-il déclaré. Le procureur général près la cour de Sidi Bel Abbès, M. Zouggar, fraîchement installé, aurait à son tour pris son congé annuel, selon son adjoint. Tout comme son autre collègue, PG adjoint, chargé de la « communication », M. Ouafi. En attendant qu'ils reprennent leur travail, le directeur de la maison d'arrêt, qui se refuse toujours à toute déclaration, aurait décidé de renforcer les mesures de surveillance à l'intérieur de l'établissement carcéral. Pour de nombreux défenseurs des droits de l'homme, les conditions de détention à la maison d'arrêt de la cité de la Mekerra sont des plus déplorables. Les cellules sont surpeuplées, bondées et insalubres, mal aérées et mal éclairées. Dans ces mêmes cellules, témoignent des parents de détenus, les règles minimales d'hygiène et d'accès aux soins ne sont pas respectées. La seule règle que tout le monde se doit de s'y plier est celle du silence. Celle qui évacue du débat tout ce qui a trait à la corruption et aux mauvais traitements. Plus grave encore, de graves faiblesses dans le domaine de la sécurité caractérisent cet établissement, ce qui a donné lieu ces dernières années à de nombreuses mutineries. Si certains efforts consentis par le ministère de la Justice sont en cours pour remédier aux graves problèmes rencontrés au niveau de ces établissements, il est clair que le déficit en matière de communication et le black-out total imposé par les responsables locaux de l'appareil judiciaire concernant certains faits concourent largement à rendre caduque toute réforme.