Le conseil des droits de l'homme se réunira d'urgence aujourd'hui à Genève pour une séance spéciale consacrée à la situation au Liban. Cette réunion extraordinaire a été convoquée par le groupe des pays arabes au sein du nouveau conseil des droits de l'homme des Nations unies (CDH), inauguré le 19 juin à Genève. Il s'agit aussi de la seconde réunion du conseil des droits de l'homme. Lors de sa première session spéciale, qui avait eu lieu les 5 et 6 juillet, le conseil avait adopté un texte condamnant les opérations militaires israéliennes dans la bande de Ghaza. Une condamnation sans effet sur Israël qui continue de semer la mort et la destruction à Ghaza et au Liban. En vertu des règles du conseil des droits de l'homme, un tiers des 47 pays membres du conseil peuvent demander une telle réunion en cas de situation de crise en matière de droits de l'homme. Au nom du groupe des pays arabes et de l'Organisation de la conférence islamique (OCI), l'Algérie et la Tunisie ont donc formulé la lettre de demande, signée par 16 pays membres du conseil des droits de l'homme. La réunion d'urgence du conseil des droits de l'homme devra examiner les graves violations des droits de l'homme commises par Israël au Liban, dont le massacre de Qana, les tirs visant des civils innocents et la destruction d'infrastructures civiles vitales. Un haut responsable onusien espère que « le conseil des droits de l'homme aura assez de courage pour demander l'inculpation du Premier ministre israélien Ehud Olmert pour crimes contre l'humanité après le massacre de Qana ». Alors que Genève se prépare à accueillir la réunion extraordinaire du CDH, quatre experts des droits de l'homme des Nations unies ont indiqué hier qu'en raison de la détérioration en cours de la situation sécuritaire, ils ont dû reporter la mission qu'ils devaient entamer cette semaine à Beyrouth. Ils ont déclaré néanmoins rester très désireux d'effectuer, à titre urgent, une visite au Liban et en Israël dans le courant de ce mois, dès que la situation sécuritaire le permettra. « Nous restons gravement préoccupés par l'impact de la poursuite du conflit armé sur les droits de l'homme et la situation humanitaire des populations civiles du Liban et du nord d'Israël », précisent les quatre experts du conseil des droits de l'homme. La mission est composée de Walter Kälin, représentant du secrétaire général pour les droits de l'homme des personnes déplacées dans leur propre pays, de Philip Alston, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, de Paul Hunt, rapporteur spécial sur le droit de toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale susceptible d'être atteint, et de Miloon Kothari, rapporteur spécial sur le logement convenable en tant qu'élément du droit à un niveau de vie suffisant. Sur le front humanitaire, l'UNHCR s'efforce à reprendre ses envois d'aides vers le Liban depuis la Syrie et la Jordanie. Huit camions transportant un total de 12 305 couvertures, 1308 matelas, 1890 sets de cuisine et 100 tentes arrivent à Beyrouth aujourd'hui. Les routes endommagées par les bombardements ont ralenti le voyage. L'agence de l'ONU affirme que « les besoins en approvisionnements sont urgents car presque tout le stock de l'UNHCR disponible au Liban a déjà été distribué ». L'UNHCR espère également qu'une cargaison d'articles de secours en provenance de ses entrepôts en Jordanie pourra arriver par avion au Liban. Un deuxième vol au départ d'Amman devrait suivre. Un C-130, le seul avion capable d'atterrir sur les pistes endommagées de l'aéroport de Beyrouth, transportera 3600 matelas et 9000 couvertures. Le danger d'apporter de l'aide dans les zones les plus durement touchées, comme le sud du Liban, complique le travail des humanitaires. Selon le Haut comité aux réfugiés, sur la route de Tyr, une voiture qui suivait le convoi de 15 camions à 30 mètres de distance à peine a été détruite par une attaque israélienne. Les deux passagers qui étaient à son bord sont morts. Lors du voyage de retour, une attaque semblable contre une voiture qui se trouvait à la même distance devant le convoi a fait un autre mort. « Israël ne respecte rien, ni le droit humanitaire ni les conventions de Genève », déplore un humanitaire. Vu les difficultés continues pour acheminer l'aide par avion ou par la route, les Nations unies envisagent désormais opter pour un transport maritime de l'aide de Chypre vers Beyrouth et le port de Tripoli, au Nord. Le gouvernement libanais a autorisé l'UNHCR à utiliser un grand entrepôt dans la zone portuaire de Beyrouth.