Aujourd'hui plus que jamais, de toutes les questions qui préoccupent bon nombre de philatélistes algériens, celle liée à la création d'une Fédération algérienne de philatélie semble s'imposer avec une acuité et une urgence particulières. Au moment où sous d'autres cieux la philatélie, moteur puissant de la vie associative, suscite un intérêt grandissant de la part des pouvoirs publics et des administrations postales, qu'avons-nous fait pour doter la philatélie algérienne de structures à même de la promouvoir et de la hisser vers les rangs qu'elle mérite dans le concert des nations ? Qu'avons-nous entrepris afin de favoriser son ouverture sur le monde qui nous entoure ? Au terme de cinq décennies d'indépendance, qu'avons-nous à léguer aux générations montantes, à part quelques associations qui peinent à rester en activité ? Lâchée par la Poste, son parrain «naturel» et partenaire obligé, délaissée par le ministère de la Culture, elle qui est considérée comme le loisir culturel par excellence, négligée par le ministère de l'Education nationale en dépit du fait qu'elle véhicule tous les domaines du savoir humain (sciences, géographie, histoire, etc.) et qu'elle constitue de ce fait un support pédagogique de premier choix, la philatélie algérienne ne survit que grâce à la pugnacité d'une poignée de philatélistes passionnés. Faute de consensus et de bonnes volontés, la création de cette structure est renvoyée à chaque fois aux calendes grecques. Que de tentatives infructueuses, que d'essais avortés... pour en arriver à un paysage philatélique éclaté et désolant. Pourtant, nous le savons tous : tant que notre pays ne dispose pas d'une Fédération philatélique affiliée à la FIP (Fédération internationale de philatélie), les philatélistes algériens ne peuvent prendre part aux expositions d'envergure internationale organisées de par le monde sous le patronage de cette dernière, étapes indispensables pour faire partager leurs connaissances et les améliorer. Serait-il superflu de rappeler qu'en dehors d'une implication franche des pouvoirs publics, la fédération restera une idée généreuse. Quand bien même les quelques associations existantes chercheraient à la mettre sur pied, elles demeurent privées des instruments réels et des moyens matériels nécessaires à sa viabilité et à l'optimisation de son fonctionnement. Loin d'être un luxe inutile, la création d'une Fédération philatélique qui réunirait en un seul organisme les associations philatéliques nationales est, bien au contraire, une entreprise hautement culturelle qui aura indubitablement des retombées positives sur la revitalisation de la pratique de ce loisir de masse en Algérie.