Le comité exécutif de la FIFA se réunira aujourd'hui et demain à Marrakech (Maroc), en marge de la Coupe du monde des clubs qui s'y déroule. A l'ordre du jour de la réunion de la FIFA ne figurent pas les questions qui fâchent, c'est-à-dire les retombées de l'enquête du juge américain Michael Garcia, président de la chambre d'investigation, sur l'attribution des Coupes du monde 2018 (Russie) et 2022 (Qatar) qui fait désordre. La FIFA et son président sont embarrassés par le document de Michael Garcia. Le président de la chambre de jugement de la commission d'éthique de la FIFA, Hans Joachim Eckert, s'est chargé de le vider de sa substance en ne tenant pas compte de l'essentiel du rapport Garcia établi en quatre exemplaires et remis à quatre personnes seulement. Dans une vaine tentative de faire diversion et de détourner les regards des mis en cause dans l'enquête, Hans Joachim Eckert a enfreint la règle du secret en dévoilant, à mots voilés, les noms de deux femmes entendues par le juge Garcia. L'Américaine d'origine arabe, Almajid Phaedra, a brisé le silence, dans un entretien exclusif accordé à France Football, en révélant ce qu'elle avait vécu pendant plusieurs mois lorsqu'elle faisait partie du comité de candidature Qatar 2022. Elle affirme avoir assisté, en janvier 2010, dans une suite d'un grand hôtel à Luanda (Angola), en marge du congrès de la Confédération africaine de football (CAF) à une discussion entre le Qatari et trois dirigeants de la CAF, tous membres du comité exécutif de la FIFA, qui tournait autour d'une importante somme d'argent (1,5 million de dollars) que le dignitaire qatari proposait à ses hôtes comme contribution financière au profit de leur fédération respective en échange de leur vote, le 2 décembre 2010, en faveur de la candidature du Qatar à l'organisation de la Coupe du monde 2022. A l'époque, la CAF comptait quatre membres au comité exécutif de la FIFA. Le président Issa Hayatou, l'Ivoirien Jacques Anouma, grand argentier du président Laurent Gbagbo, l'Egyptien Hani Abou Rida et le Nigérian Amos Adamu. Ce dernier n'a pas participé au vote le 2 décembre 2010 parce qu'entretemps la FIFA l'avait suspendu pour corruption. Phaedra Almajid n'a pas nommé les trois personnalités africaines que beaucoup, par la suite ont identifiées : Hayatou, Abou Rida, Anouma. Le nom de l'archevêque sud-africain Desmond Tutu (prix Nobel de la paix) a été cité parmi les personnes qui ont bénéficié de la générosité des Qataris (50 000 dollars pour sa fondation). Nelson Mandela avait, lui aussi, été approché par les candidats à l'organisation de la Coupe du monde 2022, mais il a catégoriquement refusé de soutenir n'importe quelle partie. Beaucoup d'autres l'ont fait, à l'instar des icônes du football mondial qui ont affiché leur préférence et soutenu ouvertement des candidatures, à l'instar de Michel Platini (président de l'UEFA), Frantz Beckenbauer (membre du comité exécutif de la FIFA à l'époque), Pepe Guardiola, le Belge Michel D'hooghe, Angel Villar Llona (président de la Fédération espagnole de football), Julio Grondona (président de la Fédération argentine) décédé cette année, Ricardo Teixeira (Brésil) qui a quitté ses fonctions de président de la Confédération brésilienne de football et qui coule des jours heureux à Miami… Il ne se passe plus un mois sans que la FIFA ne soit éclaboussée par des scandales sans que cela ne perturbe outre mesure son président à vie, Joseph Sepp Blatter, qui, à 78 ans, va briguer son cinquième mandat à la tête de la FIFA en juin prochain. Ce sera le mandat de trop pour le vieil homme, dont le règne a été marqué par des scandales de corruption à répétition.