Alors que d'innombrables réalisations en matière d'urbanisme et d'habitats en tous genres poussent comme des champignons, et ce, à travers tout le territoire de la région des Ziban, le centre-ville du chef-lieu de la wilaya, par contre, se dégrade, au vu et au su des pouvoirs publics, à une allure rapide, d'autant que certains de ces vieux bâtiments non seulement menacent ruine mais « sont devenues de véritables épées de Damoclès suspendues au dessus de la tête des passants », rappellent les riverains et autres résidents de Haret Essoug. A titre d'exemple, l'immeuble branlant des héritiers Djebloun situé près du marché central, à l'intersection des rues Boulerbah et Rezzoug, « s'effondrera comme un château de cartes sur les habitués du café, attablés sur le trottoir, si un coup de vent ou un orage violent, comme est de coutume à Biskra en ce mois d'août, venait à éclater », prédit un client qui a, quand même, pris la précaution de siroter son thé à la menthe à la terrasse jouxtant le square. A quelques mètres de là, les échoppes des marchands de doubara (une spécialité culinaire de Biskra), les ateliers des artisans et autres étals de la ruelle Akadi Salah, naguère fort connue sous le sobriquet « la rue des balcons », immortalisée par des dizaines de peintres de renommée mondiale, aujourd'hui Souk Adlala pour des riverains qui ont remplacé des Ouled Naïl de l'époque, font de cet endroit l'artère la plus passante et la plus encombrée du centre-ville. Or la foultitude de gens qui y déambulent particulièrement pendant la matinée ignorent totalement le danger que leur fait courir la façade boursouflée de la bâtisse qui fait face à l'ex-hôtel et café que les héritiers Djouad ont laissé en abandon. Un autre hôtel laissé à l'abandon lui aussi, vestige d'un passé à jamais révolu, celui du temps où Biskra attirait des milliers de touristes étrangers, faisait avec sa terrasse ombragée, gagnée sur Djenane El Beylic, la fierté de l'ex-rue Berthe. Il est devenu au jour d'aujourd'hui un îlot de décombres comme d'ailleurs le pâté de maisons abandonnées qui le prolonge, alors que son emplacement dans ce qu'il est convenu d'appeler le damier colonial, vaut à lui seul une fortune. Des îlots entiers d'habitation comme nous l'avons vu relèvent de la propriété privée ou du patrimoine de l'Etat comme l'ancien siège du commissariat central et des bâtisses qui le bordent du côté de la rue des frères Djezzar sont autant d'exemples de l'état de dégradation avancé du tissu urbain hérité de la période d'avant l'indépendance. Il serait fastidieux de multiplier à l'envi les exemples de constructions et de façades qui posent problème dans l'agglomération de Biskra, non seulement au centre-ville mais dans plusieurs anciens quartiers de la Reine des Ziban et qui attendent que les pouvoirs publics daignent mettre en demeure leurs propriétaires actuels de les restaurer ou de prendre la décision de les raser pour ne point exposer à un danger mortel la vie des passants.