La Libye est plongée dans le chaos depuis le renversement en 2011 du dictateur Mouammar El Gueddafi par l'OTAN et le Qatar. Livré aux milices, le pays est désormais dirigé par deux Parlements et deux gouvernements qui se disputent le pouvoir. La situation va décidément de mal en pis en Libye. L'ONU a annoncé hier que des centaines de civils libyens ont été tués ces derniers mois lors de violences entre groupes armés rivaux, dont les forces pro-gouvernementales. Certaines violations, juge-t-on, peuvent être assimilables à des «crimes de guerre». «Depuis la mi-mai, les combats ont augmenté et les violations persistent en toute impunité», a déclaré Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l'homme (OHCHR) , précisant que «certains de ces crimes peuvent constituer des crimes de guerre». Dans la région de Warshafana, proche de Tripoli, les combats entre groupes armés ont tué environ 100 personnes et blessé 500 autres entre fin août et début octobre, selon un rapport de l'OHCHR et de la mission de l'ONU en Libye (Unsmil) publié à Genève. Ces combats ont provoqué une «crise humanitaire», selon l'organisation onusienne, avec au moins 120 000 personnes déplacées et subissant des pénuries importantes à la fois alimentaires et médicales. L'ONU a aussi accusé «toutes les parties» d'attaquer des écoles. D'autres combats dans les montagnes de Nafusa, en bordure du Warshafana, ont également entraîné la mort de 170 civils et au moins 450 personnes ont été tuées à Benghazi depuis deux mois dans des affrontements qui ont provoqué le déplacement de près de 90 000 personnes. L'ONU a également fait état de cas d'enlèvement, de torture et d'exécutions sommaires. «Des dizaines de civils ont été enlevés par les différents acteurs, uniquement en raison de leur réelle ou supposée appartenance tribale, familiale ou religieuse, souvent pour en faire des otages monnayables contre d'autres détenus de la partie adverse», indique le rapport. Les journalistes et les militants politiques ciblés Les groupes armés ciblent particulièrement les militants politiques et des droits de l'homme ainsi que les journalistes, dont certains ont été enlevés, menacés ou encore vu leurs maisons pillées ou brûlées, poursuit le rapport. S'adressant aux différents chefs des milices, le Haut Commissaire aux droits de l'homme Zeid Raâd Al Hussein a averti qu'«en tant que commandant d'un groupe armé, vous êtes pénalement responsable en vertu du droit international si vous commettez ou ordonnez de commettre de graves violations des droits humains ou ne parvenez pas à prendre des mesures raisonnables et nécessaires pour empêcher ou punir de tels actes». Pas plus loin que lundi, 16 personnes ont été tuées dans des affrontements entre forces pro-gouvernementales et milices de Fajr Libya dans les villes de Benghazi et Derna, dans l'est de la Libye, selon des sources des services de sécurité et de santé. Des forces loyales au général à la retraite Khalifa Haftar et à Abdallah Al Theni, le Premier ministre reconnu par la communauté internationale, tentent de reconquérir les villes échappant à leur contrôle, notamment les deux plus grandes du pays, Tripoli et Benghazi, tombées cet été aux mains de milices de Fajr Libya. La Libye est plongée dans le chaos depuis le renversement par l'OTAN et le Qatar de Mouammar El Gueddafi. Pour le moment, aucune perspective de solution politique et pacifique à la crise n'apparaît à l'horizon.