L'épicentre du séisme de magnitude 4,9 sur l'échelle ouverte de Richter, qui a ébranlé, hier à 9h, l'Algérois, est situé, d'après le Craag, à 3 km au sud de Chebli, à une trentaine de kilomètres d'Alger. Mais c'est à Hammam Melouane, une localité distante d'une vingtaine de kilomètres de Chebli, que les dégâts sont les plus visibles. Juste matériels, fort heureusement. Hier, peu après le séisme de 9h, plusieurs citoyens ont fermé l'APC de Hammam Melouane en signe de protestation. Les séismes sont devenus récurrents dans cette région et les habitations risquent de céder. D'ailleurs, une première secousse, de moindre intensité, a frappé la région vers 7h30, puis à 9h, et ce, en plus des nombreuses répliques. En une année, depuis le séisme de 2013, la terre a beaucoup bougé dans la région. Les habitants de cette commune se disent ignorés par les pouvoirs publics alors que leur vie est en danger. Ainsi, tous les services de la commune, y compris l'état civil, étaient à l'arrêt hier. A notre arrivée sur place, nous avons remarqué un attroupement devant le siège de l'APC. «On veut une solution à notre problème. Nos maisons risquent l'effondrement à tout moment à cause des tremblements de terre répétitifs. Les officiels doivent venir chez nous pour nous rassurer», clament les manifestants. Le président de l'APC, présent sur place, a été empêché de sortir de sa voiture. De la fenêtre de son véhicule, il essayait de rasséréner les mécontents. Les protestataires ne voulaient rien savoir. «On veut du concret», insistent-ils. La cellule de crise, créée à la wilaya, ne semble pas les convaincre… Une affaire de vie… Hier, presque tous les commerçants ont baissé rideau à Hammam Melouane. Le bain thermal, qui fait la notoriété de la région, a été exceptionnellement fermé au public peu après le tremblement de terre. «Par mesure de sécurité, le hammam a été fermé. La bâtisse est touchée», nous dit-on sur place. Même le nouvel hôtel de cette localité touristique n'était pas opérationnel. Au niveau des 32 Logements, la panique était à son comble. Des familles et de nombreuses femmes ont déserté leur foyer et se sont regroupées dans la grande cour de la cité. Des femmes en état de choc ont été évacuées vers la polyclinique de Bougara pour une prise en charge médicale. Des chefs de famille nous ont invités à constater, de visu, l'état dans lequel se trouvent leurs habitations. Que ce soit au niveau des cages d'escalier ou à l'intérieur des maisons, les fissures sont visibles. Parfois, ce sont carrément de gros trous qui attirent notre attention. La cité n'est pas ancienne ; elle a été construite en 2004, mais son état s'est vite dégradé depuis le séisme de 2013. Des constructions mal faites, qui sont loin de répondre aux normes sismiques, insistent des riverains. Une situation qui nous rappelle le séisme de Boumerdès et les immeubles qui se sont effondrés comme un château de cartes parce qu'ils ne répondaient pas aux normes de construction antisismique. «Regardez, les fissures sont partout», lance un locataire. A ce moment-là, une forte déflagration attire notre attention : c'est une réplique du séisme à 9h. A Hammam Melouane, un tremblement de terre ça se voit, ça se sent et ça s'entend ! Et c'est pour cette raison que les habitants de cette région n'arrivent pas à comprendre pourquoi le Craag situe l'épicentre aux environs de Chebli alors que «Hammam Melouane est la plus secouée». «A Hammam Melouane, on voit même la fumée se dégager de nos montagnes. Pourtant, cela ne se passe pas ailleurs», insistent-ils. Même si cette thèse est fausse, le Craag est appelé à donner plus d'explication sur ce phénomène sismique pour éviter tout amalgame ou mauvaise interprétation. A Magtaâ Lazreg, une localité distante de 5 km du chef-lieu de la commune de Hammam Melouane, les habitants sont aussi sous le choc. Sur la route menant vers cette localité, nous croisons un citoyen déblayant la route, couverte de pierres provenant des hauteurs de la montagne et dont la chute a été provoquée par le tremblement de terre. A Magtaâ Lazreg, les maisons sont aussi fissurées. La maison de jeunes de cette localité est sérieusement endommagée depuis le séisme ayant frappé la région à l'été 2013. La structure n'assurait pas ses missions. Une famille ayant perdu sa maison lors du séisme de 2013 y habite, en attendant des jours meilleurs…