Installée en mai dernier, en remplacement de Abdelatif Baba Ahmed, Nouria Benghebrit-Remaoun n'a pas eu une période de grâce. Mais contrairement à l'habitude dans son secteur, les salves n'étaient pas lancées par des syndicalistes de l'éducation. La campagne de dénigrement a été faite par des individus qui rappellaient à la nouvelle ministre de l'Education ses origines prétendument juives. Les détracteurs, qui se recrutent dans la mouvance islamo-bâathiste, ont évoqué la proximité supposée de son aïeul avec la puissance coloniale et ont aussi raillé sa difficulté à s'exprimer en arabe. La concernée a eu beau se justifier et corriger son arabe, le mal est fait et les critiques n'ont pas, à ce jour, cessé parmi ses opposants dont les rangs grossissent toujours. Pourtant, s'il y a un aspect sur lequel devait être «jugée» l'ex-directrice du CRASC d'Oran, c'est sa décision d'engager des réformes. Mme Benghebrit a en effet parlé, dès son installation dans ses nouvelles fonctions, d'une feuille de route : réorganisation des rythmes scolaires, suppression de la deuxième session de l'examen de fin du cycle primaire (ex-6e), introduction d'une fiche de synthèse, fin du «seuil» pour l'examen du baccalauréat, etc. Passé l' «écueil» du baccalauréat 2013/2014, la ministre a organisé une conférence nationale à laquelle ont été conviés tous acteurs du secteur. Environ 400 propositions portant sur la réforme dans le secteur éducatif ont été étudiées lors de ces assises, qui devaient aussi permettre de faire le bilan des réformes engagées par Benbouzid dix ans plus tôt. Un dialogue avec les syndicalistes a été engagé en août pour essayer de «déminer» la rentrée scolaire. Mme Benghebrit, qui défend l'application des recommandations de la Commission Benzaghou (1999) dont elle était membre, va-t-elle réussir là où ses prédécesseurs ont lamentablement échoué ? La longue grève des intendants est la preuve que rien n'est gagné. L'ouverture d'un dialogue est réclamée par les syndicats (CLA, Unpef, Cnapest, etc.). A défaut, des grèves seront lancées à partir de janvier. Spécialiste reconnue de l'école, dont elle a critiqué à raison les différentes réformes, Mme Benghebrit a hérité d'un secteur sinistré. L'implication de tous les acteurs et même de la société est indispensable.