La nouvelle ministre de l'Education nationale annonce la couleur. Fraîchement installée dans ses nouvelles fonctions, elle s'engage à mettre de l'ordre dans ce secteur sinistré et miné par d'inextricables conflits sociaux. Nouria Benghebrit-Remaoun, qui connaît parfaitement son sujet, compte corriger au plus vite les erreurs et les errements constatés dans la mise en œuvre et la conduite des réformes du système éducatif. Auteure de plusieurs thèses de recherches sur la question, la ministre entend œuvrer, en étroite collaboration avec tous les acteurs du secteur, afin de redresser la situation au plus vite. Les pédagogues, les syndicalistes et les parents d'élèves seront constamment associés à la démarche de redressement qui sera incessamment mise en œuvre. «Les représentants des enseignants et des parents d'élèves ont tout à fait leur place dans la réflexion engagée dans le but d'améliorer la qualité de l'enseignement et de l'école», a-t-elle déclaré au cours d'une émission radiophonique. Mme Benghebrit, qui fut membre de la Commission Benzaghou chargée de la réforme du système éducatif et qui dispose d'une bonne expérience acquise au sein du Haut conseil de l'éducation nationale, ne va pas par trente-six chemins pour exprimer sa volonté à imposer davantage de rigueur et de sérieux à l'école dans le double objectif de réduire la déperdition scolaire et de dispenser un enseignement de qualité. Il s'agit de «préparer l'élève à la maîtrise des outils de la pensée» pour que les futurs bacheliers aient les compétences et les capacités requises pour réussir aisément dans leur cursus universitaire, a-t-elle expliqué par la même occasion. La première responsable du département de l'éducation se montre scandalisée par l'attitude contreproductive des élèves qui exigent, à chaque fin d'année, un «bornage» des cours en prévision des examens. Une pratique antipédagogique, mainte fois dénoncée par les syndicats autonomes et les pédagogues, introduite du temps de l'ancien ministre Boubekeur Benbouzid. Elle compte rompre définitivement avec cette mauvaise habitude. Les élèves en classe d'examen en sont avertis. À compter de l'année prochaine, il n'y aura plus de «seuil» et les sujets porteront sur tout le programme abordé durant l'année scolaire. Les ambitions affichées par la ministre bénéficient déjà de l'adhésion des syndicats du secteur et de larges pans de la société civile qui y voient les indices d'une école performante. Mais, tout ce beau monde, qui approuve la démarche, attend du concret pour s'en convaincre vraiment. À leur nomination, tous les précédents ministres de l'éducation avaient aussi brandi de beaux slogans de type «pour une école publique performante, moderne et ouverte sur l'universalité». Seulement, les résultats n'ont pas suivi. Pis, on assiste à une régression notable du niveau scolaire. Afin de réussir dans cette mission, il faut au préalable battre toutes les inerties qui bloquent le système de l'intérieur en faisant la promotion de la compétence, du savoir-faire et de l'excellence. Un directeur, un inspecteur et un enseignant qui échouent dans leur travail ne doivent plus bénéficier des mêmes avantages et de la même considération réservés à leurs pairs qui réussissent. C'est quelque chose d'essentiel pour créer la motivation indispensable à la performance. Le bon enseignant mérite d'être encouragé et récompensé pour persévérer davantage. Celui qui n'a pas donné satisfaction doit être encadré et recyclé pour avoir l'aptitude requise au succès. Sans motivation, il serait vraiment difficile de concrétiser le sursaut qualitatif promis. K. A.