Gel des recrutements dans la Fonction publique, report des grands projets dont le caractère n'est pas urgent et restrictions sur les dépenses du fonctionnement des administrations et institutions publiques. Ce sont les plus importantes décisions prises par le gouvernement pour faire face à la chute libre des prix du pétrole. Visiblement affolé par la dégringolade subite des prix de l'or noir, l'Exécutif commence par élaguer sa politique économique. Il tente d'abord de réduire les investissements publics et certaines dépenses de fonctionnement.C'est le Premier ministre, dont le discours était des plus rassurants il y a seulement quelques semaines, qui annonce cette première batterie de mesures visant à «sauver» le pays d'une crise économique ingérable. «Pour 2015, les recrutements dans la Fonction publique, tous secteurs confondus, seront gelés. Les grands projets qui ne revêtent pas un caractère urgent, à l'exemple des chantiers de tramway et de transport ferroviaire, seront reportés. Désormais, les grands projets ne seront plus financés par l'Etat, mais leur réalisation se fera via des financements bancaires. Nous allons changer le mode de financement», déclare-t-il aux journalistes en marge de l'inauguration, hier à Alger, de la 23e Foire de la production nationale. Il y a aussi d'autres mesures restrictives. Dans sa déclaration, le Premier ministre fait allusion également à un gel des augmentations salariales. «Il ne faut pas être trop exigeant en matière de salaires», lance-t-il, en annonçant aussi la réduction des dépenses pour les administrations et les institutions publiques. «Il faut mettre fin au gaspillage», martèle-t-il. «Nous aurons besoin de solidarité» Dans la foulée, Abdelmalek Sellal s'adresse à l'opinion, lui demandant de soutenir le gouvernement pour affronter cette crise : «Nous aurons besoin de solidarité et de confiance entre les gouvernants et les gouvernés pour dépasser cette situation. Il faut faire de 2015 une année de solidarité et de confiance solide entre gouverneur et gouverné.» Après l'annonce de ces premières coupes budgétaires, M. Sellal tente de rassurer l'opinion que la situation économique du pays n'est pas, selon lui, «comparable à celle de la fin des années 1980». «L'Algérie n'est pas dans la même situation qu'en 1986 ; nous n'avons pas de dette extérieure et nos réserves de change vont nous permettre de tenir le coup pendant au moins quatre ans», précise-t-il. Pour encore tranquilliser les Algériens, le gouvernement, indique-t-il, maintiendra les dépenses sociales, en l'occurrence les subventions des produits alimentaires de base, de l'eau, de l'électricité… et la réalisation de logements. «L'Etat maintiendra les subventions à la cadence prévue dans le plan d'action 2015-2019. Les décisions prises n'affecteront ni le développement économique ni le niveau de vie des citoyens», enchaîne-t-il. Le premier responsable de l'Exécutif affirme également que le gouvernement continuera à suivre l'évolution de la situation : «Une commission est installée au niveau de la chefferie du gouvernement et du ministère des Finances pour évaluer la situation tous les trois mois. Lors des derniers conseils du gouvernement, nous avons examiné toutes les probabilités ; nous avons prévu des mesures en fonction de l'évolution des prix du pétrole. Nous avons prévu des décisions pour faire face à un prix de pétrole à 60 dollars, à 70 dollar et 90 dollars.» S'agissant de la production pétrolière nationale, Abdelmalek Sellal indique qu'elle n'augmentera pas en 2015. «Cela ne veut pas dire que nous allons arrêter les investissements dans ce secteur. La production va augmenter à partir de 2016. 120 gisements de pétrole et de gaz, découverts ces deux dernières années, vont entrer en production», annonce-t-il encore. Lors de sa visite des stands de la foire, le Premier ministre a invité les producteurs nationaux à consentir encore beaucoup d'efforts pour développer la production interne et exporter pour sortir l'économie algérienne de sa dépendance des hydrocarbures.